L’Empire
Partisans, en général, de la Révolution qui leur a accordé liberté religieuse et égalité civile, les protestants acceptent sans difficulté le Consulat, puis l’Empire.
Respectabilité retrouvée mais maintien d'une indépendance de jugement
Le Concordat reconnaît officiellement les deux confessions réformée et luthérienne. Les protestants notables de Paris sont satisfaits de voir les consistoires composés de personnalités brillantes. Des représentants des pasteurs sont convoqués au couronnement de Napoléon qui répondit en termes chaleureux à leur hommage. Du haut des chaires sont annoncées les victoires impériales, auxquelles participent des généraux protestants, Rapp et Walther, ce dernier commandant de la cavalerie de la Garde.
Le régime impérial, de son côté, n’a que se louer de son loyalisme, notamment lorsque les relations se tendent entre le pape et l’empereur. « Les protestants ont toujours été de bons citoyens, dites-leur que je les mets au rang de mes plus chers amis », déclare ainsi napoléon aux membres du Consistoire réformé de Paris en août 1807.
En dépit de cette amitié affichée, les protestants, sous le Consulat et l’Empire, ne jouissent pas de faveurs particulières. Ceux d’entre eux qui représentent l’opposition libérale, comme Madame Staël, Benjamin Constant ou Jean-Baptiste Say sont exclus de la vie politique. Les protestants sont en tout petit nombre au Sénat et au corps législatif, où ils représentent les départements alsaciens, le Gard et la Charente inférieure, un plus au Conseil d’État et dans le corps préfectoral, mais encore moins dans l’armée, où seul le général Rapp laisse quelques souvenirs.
Les Églises reconstituent leurs communautés, en particulier leur encadrement religieux. À la Faculté de théologie de Strasbourg réservée aux luthériens, à celle de Genève alors intégrée à l’Empire, va s’ajouter pour les réformés la création en 1808 de la Faculté de théologie de Montauban. En 1814, le corps pastoral, affaibli après 1792, se rétablit : 214 postes de pasteurs réformés sont pourvus, presque le double des effectifs de 1802.
Le protestantisme français retrouvait progressivement une respectabilité, bien que la communauté de religion avec l’Angleterre ennemie ait pu entraîner quelque suspicion. En fait, l’opinion publique ne lui portait pas beaucoup d’attention, et certains évoquaient sa fusion prochaine avec l’Église catholique.
Cependant, on remarque fort peu de protestants dans l’entourage immédiat de Napoléon Ier, et les plus connus comme Madame de Staël et Benjamin Constant se révèlent bientôt des opposants.
Bibliographie
- Livres
- ROBERT Daniel, Les Églises réformées en France (1800-1830), PUF, Paris, 1961
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