Henri IV et la conquête du royaume (1589-1598)
En 1589, Henri de Navarre succède à Henri III sous le nom d’Henri IV. Mais la Ligue catholique, menée par les Guise, ne reconnaît pas son autorité. Pour Henri IV, une longue reconquête du royaume commence et dure près de dix ans.
La situation politique en 1589
Le 2 août 1589, à 37 ans, le roi Henri III, sans descendance, est assassiné. Le royaume de France est déchiré, depuis 1585, par la huitième guerre de religion. Avant de mourir, Henri III reconnaît son beau-frère et cousin, Henri III de Navarre, comme son successeur légitime ; mais la majorité des catholiques français et la Ligue catholique tente de s’opposer à l’accession d’Henri de Navarre au trône de France, parce qu’il est protestant.
Paris est aux mains des ligueurs, tandis qu’Henri IV tient les provinces du Midi ; il obtient le soutien de la reine Élisabeth d’Angleterre et des princes protestants du Danemark et d’Allemagne. Avant de conquérir Paris, Henri IV doit donc s’assurer de la Normandie car c’est là que lui arrivent d’Angleterre les armes et l’argent nécessaire pour payer la solde de ses soldats.
La bataille d’Arques (21 septembre 1589)
Le contrôle de la ville de Dieppe paraît donc essentiel à Henri IV pour permettre des liaisons faciles avec ses alliés anglais.
Poursuivi par l’armée du duc Charles de Mayenne, dernier des trois frères Guise et lieutenant général de la Ligue, Henri IV installe un camp retranché au château d’Arques, près de Dieppe, construit sur un promontoire étroit, entouré de fossés profonds.
Malgré leur supériorité numérique, les troupes du duc de Mayenne s’acharnent en vain, pendant deux semaines, à prendre la place pour ramener à Paris le Béarnais « bien ligoté ». Les alliés anglais arrivent enfin ; Maximilien de Béthune, futur duc de Sully, se distingue par sa vaillance pendant la bataille d’Arques le 21 septembre 1589. Mis en déroute, le duc de Mayenne est obligé de se replier en désordre. Mais cette victoire, quelque peu inespérée, ne met pas un terme à la guerre.
La bataille d’Ivry-sur-l’Eure (14 mars 1590)
A la fin du mois de février 1590, Henri IV encercle Dreux. La ville soutient la Ligue et résiste au siège malgré les dégâts provoqués par l’artillerie assaillante. Plusieurs Drouais fidèles au nouveau roi, comme Jean Métezeau, ancien conseiller d’Henri III et futur conseiller d’Henri IV, sont mis en prison ou bannis de la ville par les ligueurs.
Mais quinze jours plus tard, une importante armée de la Ligue, commandée par le duc de Mayenne, vient au secours de la ville. Pour ne pas être pris en tenaille contre la forteresse drouaise, Henri IV lève le siège et attire l’armée ligueuse près du village d’Ivry-sur-l’Eure.
Le 14 mars 1590, à l’aube, les deux armées s’affrontent. D’après la chronique, Henri aurait harangué ses troupes avant la bataille : « Mes compagnons, Dieu est pour nous ! Voici ses ennemis et les nôtres ! Voici votre roi (…). Si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de vue mon panache, vous le trouverez toujours au chemin de l’honneur et de la victoire… » C’est après cette bataille que le panache blanc qui orne le casque d’Henri IV devient fameux.
Malgré les renforts de mercenaires allemands et de cavaliers espagnols, les troupes ligueuses sont défaites. Les soldats royaux rapportent de nombreux trophées, dont cinq canons et tous les drapeaux ennemis. Les chefs ligueurs sont poursuivis : le duc de Mayenne fuit jusqu’à Nantes, d’autres à Chartres.
Une guerre incessante
Malgré cette victoire, la guerre continue. Henri IV envoie une armée en Champagne et en Picardie pour couvrir ses propres opérations et tenir ouverte la route des renforts venant des Pays-Bas et d’Allemagne.
En février 1591, il assiège la ville de Chartres, qui se rend au mois d’avril.
En novembre 1591, avec une armée de 40 000 hommes, il assiège la ville de Rouen défendue par le fils du duc de Mayenne. Les troupes espagnoles du duc de Parme, Alexandre Farnèse, venant au secours de Rouen, affrontent les soldats royaux près d’Aumale, en février 1592 : Henri IV y est blessé, et doit finalement lever le siège de Rouen quelques semaines plus tard.
En juin 1593, Henri IV assiège à nouveau Dreux, qu’il réussit à prendre le mois suivant.
La marche vers le couronnement
Mais en janvier 1593, le duc de Mayenne convoque au Louvre les États généraux de la Ligue. Les députés affirment que la loi fondamentale du royaume est non pas la loi salique, mais le principe de catholicité : ils veulent faire monter sur le trône un souverain catholique.
Henri IV comprend alors qu’il ne sera jamais accepté s’il demeure protestant. A peine plus de quinze jours après son départ de Dreux, le 25 juillet 1593, à la basilique de Saint-Denis, il abjure le protestantisme et se convertit au catholicisme. Henri IV est alors sacré roi de France et de Navarre, le 27 février 1594 à Chartres, la ville de Reims étant encore aux mains des ligueurs. Et, le 22 mars 1594, Paris lui ouvre ses portes, les principaux chefs de la Ligue se soumettant à son autorité. Le 7 décembre 1595, une bulle du pape reconnaît la légitimité de la succession royale à Henri IV.
L’ultime ralliement ligueur : le duc de Mercœur
L’obstacle religieux étant levé, les ralliements au roi s’accélèrent. Henri IV livre cependant encore quelques combats : la victoire de Fontaine-Française (5 juin 1595) soumet la Bourgogne. En janvier 1596, le duc de Mayenne et le duc de Joyeuse reconnaissent la légitimité d’Henri IV.
Seuls persistent dans leur refus les ligueurs bretons, derrière Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur (1558-1602), gouverneur de Bretagne depuis 1582 et l’un des principaux acteurs de la dernière phase des guerres de religion. Il est le frère de Louise de Lorraine, épouse du roi Henri III ; il est également un cousin des Guise. L’assassinat, sur ordre d’Henri III, du duc de Guise et de son frère le cardinal de Lorraine en décembre 1588, avait amené Mercœur à s’engager du côté de la Ligue, faisant entrer dès 1589 la Bretagne dans la guerre civile ; Mercœur avait rompu ainsi avec Henri III alors qu’il devait au roi l’ensemble de ses charges et de ses dignités, et il soutenait les droits que sa femme, Marie de Luxembourg, revendique sur le duché de Bretagne.
Après la conversion d’Henri IV au catholicisme, Mercœur se trouve de plus en plus isolé ; il finit par se soumettre, par un traité signé à Angers le 20 mars 1598 : il renonce au gouvernement de la Bretagne en échange de plus de quatre millions de livres et du mariage de sa fille à César de Bourbon, duc de Vendôme, fils bâtard d’Henri IV, qui devient à son tour gouverneur de Bretagne.
Les guerres de religion ne se terminent réellement que le 13 avril 1598 quand Henri IV signe l’édit de Nantes, qui rétablit la paix religieuse en octroyant aux protestants la liberté de conscience et un large exercice public de leur culte. Parallèlement, Henri IV signe avec le roi d’Espagne la paix de Vervins, le 2 mai 1598.
Une France ruinée mais apaisée
En 1598, la France est considérablement appauvrie par trente ans de guerres. La guerre a dépeuplé certaines régions et des terres jadis cultivées sont en friche. Les villes ont subi les conséquences des troubles – difficultés d’acheminement des matières premières et de circulation des produits manufacturés, chômage, ruines de maisons de commerce –, et sont en crise. Les autorités s’attachent donc à la reconstruction des ponts, des relais de poste détruits, et à la remise en état des principaux axes de circulation. Les innovations agricoles comme la culture du houblon ou du mûrier sont encouragées : « Pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France », selon l’adage du surintendant des finances, le duc de Sully.
Henri IV tire un large profit de la victoire. L’art de la médaille vient pérenniser l’image d’un Hercule gaulois imperator, lauré et cuirassé. Des poèmes diffusent la nouvelle de la victoire et l’idée d’un « prince chrétien » à connotation humaniste.
Bibliographie
- Bücher
- BABELON Jean-Pierre, Henri IV, réédité en 2009, Fayard, Paris, 1982
- BARNAVI Elie, La guerre des trois Henri 1573-1598, Perrin, Paris, 2006
- GARRISSON Janine, Henri IV, Le Seuil, rééd. 2008, Paris, 1984
- MOUSNIER Roland, L’attentat d’Henri IV, réédité en 2008, Gallimard, 1964
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