Patrimoine funéraire
Face à la mort, la Réforme proclame la gratuité du salut qui vient de Dieu. En France, la réglementation sur la sépulture des protestants a évolué au cours du temps. Elle a été très restrictive après la révocation de l’édit de Nantes jusqu’à l’édit de tolérance de 1787. Le patrimoine funéraire des protestants est très divers : cimetières de paroisse, carrés dans des cimetières communaux, tombes dans des propriétés privées.
Les cimetières protestants : historique
Le statut des sépultures dévolues aux protestants suit exactement les variations de la situation juridique :
– Un droit reconnu : Après les guerres de religion, l’édit d’Amboise (1563) prévoit l’enterrement des protestants dans le cimetière paroissial ; devant le tollé suscité dans le clergé, l’édit de Bergerac (1577) impose la création d’un cimetière particulier ; cette mesure d’apaisement est aussitôt annulée par le traité de Nemours (1580) et rétablie par l’édit de Nantes (1598) qui impose « une place la plus commode que faire se pourra » et édicte que les cimetières dont les protestants avaient été privés lors des troubles leur soient rendus.
– L’édit de Fontainebleau (1685) entraîne la confiscation de ces cimetières ; ceux-ci demeurent pour la plupart mal connus, mais des fouilles récentes pourraient apporter des indications intéressantes ; cette époque reste la plus noire, les protestants ne pouvant être enterrés que de nuit au bord des chemins ; elle prend fin avec l’édit de tolérance de 1787, qui rétablit le droit à « un terrain convenable et décent ».
– Le décret du 24 juin 1804 institue la dévolution d’un terrain réservé à chaque religion, entouré de murs avec une entrée particulière, lorsqu’il s’agissait du même cimetière. Cette obligation n’est pas toujours suivie à la lettre, les protestants, quand ils sont minoritaires, étant relégués dans le carré des inconnus et des suicidés.
₋ La loi sur la neutralité des cimetières, en date du 14 novembre 1881, pose le principe de la laïcité des cimetières. Elle interdit l’agrandissement des cimetières confessionnels, sans exiger leur destruction ou leur fermeture. Ainsi, un cimetière ne peut être confessionnel que s’il existait avant 1881 (par exemple Nîmes et Bordeaux). À noter : l’exception de l’Alsace-Moselle.
Les cimetières protestants : patrimoine
Les cimetières protestants depuis le XIXème siècle se présentent tous de la même façon : il s’agit d’un enclos entouré de murs, avec une porte parfois surmontée d’un verset biblique ; les tombes se signalent, ce qui n’est pas surprenant, par leur sobriété. Elles sont quelquefois ornées du portrait du défunt ou d’une citation biblique, ou d’une croix sans crucifix.
Il existe trois types de cimetières :
– Les cimetières protestants, propriétés de leur paroisse.
– Les carrés protestants, héritages du XIXème siècle, dont certains sont encore en usage, auxquels il faut adjoindre les carrés protestants d’Alsace et de Moselle toujours en vigueur.
– Les enclos funéraires, appartenant à une famille et situés le plus souvent dans une propriété privée, échappent, comme les chapelles privées, à l’interdiction de l’édit de Fontainebleau ; le décret de 1804, comme la loi de 1904, maintiennent le droit de se faire enterrer dans sa propriété ; ces enclos se trouvent surtout dans l’Ouest, le Midi et la Normandie.