Wolfgang Capiton (1478-1541)

Wolfgang Capiton, théologien et réformateur alsacien, a participé à l’introduction de la Réforme à Strasbourg.

Un théologien modéré

  • Wolfgang Capiton gravure W. Markworth, 1750 ?
    Wolfgang Capiton gravure W. Markworth, 1750 ? © Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
  • Érasme (1469-1536)
    Érasme (1469-1536) © Église réformée de Savoie
  • Ulrich Zwingli (1484-1531)
    Ulrich Zwingli (1484-1531) © Musée de la Réformation Genève

Né à Haguenau, où son père est maître-forgeron, Wolfgang Capiton fait des études de médecine puis de droit à l’Université d’Ingolstadt (Bavière) et de théologie à Fribourg, où il obtient un doctorat en 1515. Durant ces années de formation couronnées par trois doctorats, il est en contact avec les humanistes rhénans, et rencontre Mathieu Zell et Jacques Sturm également partisans de la Réforme.

Prédicateur à la cathédrale de Bâle et professeur de théologie à l’université, ses commentaires sur l’Épître aux Romains et ses prédications sont très suivis. Excellent hébraïsant, il est remarqué par Érasme qui lui demande de collaborer à l’édition du Nouveau Testament en langue grecque originale. Il rencontre Zwingli, correspond avec Luther, dont il critique l’attitude à l’égard du pouvoir séculier et lui conseille de ménager les puissants.

En 1519, il accepte le poste de prédicateur et de conseiller à la cour de l’archevêque de Mayence, Albrecht de Brandebourg, premier prélat et chancelier de l’Empire, personnage très attaché au maintien du régime traditionnel. Capiton tente de diminuer les tensions religieuses, en modérant le parti luthérien tout en s’opposant aux édits anti-luthériens.

La Réforme à Strasbourg

  • Strasbourg (67), Saint-Pierre le Jeune
    Strasbourg (67), Saint-Pierre le Jeune © S.H.P.F.
  • Michel Servet (1511-1553)
    Michel Servet (1511-1553) © S.H.P.F.

En 1523, il quitte Mayence, et part pour Strasbourg avec le poste de prévôt du chapitre de Saint-Thomas. Il acquiert rapidement le droit de bourgeoisie et participe avec Bucer à la constitution de l’Église strasbourgeoise : très influant sur les magistrats en matière ecclésiastique, il embrasse la Réforme en 1524, pour en prendre la tête.

Il se marie avec la fille d’un membre du conseil des Quinze, puissant conseil chargé des finances. Ce mariage, ainsi que son élection à la cure de Saint-Pierre-le-Jeune consolident son rôle religieux dans la ville.

Très actif dans la vie de la cité, il publie en 1529 un catéchisme pour les enfants. Par une campagne de pétitions auprès du magistrat, il obtint la suppression totale de la messe catholique romaine. Il est longtemps indulgent envers les anabaptistes, intervenant pour apaiser une révolte paysanne, et n’hésitant pas à abriter plusieurs membres de cette tendance, en particulier Michel Servet. Il a également accueilli à Strasbourg Jacques Lefèvre d’Étaples, et Calvin en 1538.

Un rôle pacificateur

  • Concorde de Wittenberg
    Concorde de Wittenberg © Collection privée

Après le mort de sa femme, Capiton s’efface progressivement devant Bucer, revenant à ses propres travaux d’humaniste. Il continue sa collaboration avec Érasme dont il traduit le Traité sur la Concorde.

En effet, comme ce dernier, il est partisan d’une attitude de prudence et de conciliation en matière théologique, intervenant par exemple dans le conflit entre le magistrat et le clergé de Berne, Capiton souhaitant une union avec les Suisses.

Voyageant sans cesse en Suisse et en Allemagne, il participe à toutes les diètes et conférences destinées à pacifier les conflits entre les religions. Il participe à l’élaboration de la Concorde de Wittenberg (1536) ainsi qu’au Colloque de Worms en 1540.

Dans les dernières années de sa vie, il s’éloigne des problèmes de conflits religieux pour se tourner vers des réalités comme les devoirs de l’État vis-à-vis des familles pauvres.

Il meurt de la peste en 1541.

Bibliographie

  • Articles
    • VOGLER Bernard, « Capiton Wolfgang Fabricius Köpfel dit (1478-1541) », Encyclopédie Universalis, en ligne, consulté le 24 mars 2015 | Lien

Notices associées

  • Heinrich Bullinger (1504-1575)

    Heinrich Bullinger, théologien et réformateur, conforte la Réforme à Zurich après la mort de Zwingli en 1531. Il joue aussi un rôle essentiel dans l’essor du courant réformé en Europe.
  • Martin Bucer (1491-1551)

    Né en Alsace, cet humaniste a toute sa vie tenté de sauvegarder l’unité de l’Église.
  • Ulrich Zwingli (1484-1531)

    Pasteur et théologien, il fonde la Réforme sur l’étude de la Bible. Pour lui, la Réforme s’étend jusqu’à la lutte contre les injustices sociales.
  • Jean Œcolampade (1482-1531)

    Œcolampade est un des premiers réformateurs. Il apporte la Réforme à Bâle puis la répand dans le sud de l’Allemagne. Comme Zwingli, il appartient au courant réformé.
  • Le courant réformé au XVIe siècle

    Le courant réformé naît de l’action de plusieurs réformateurs et se répand dans une grande partie de l’Europe, à partir de Zurich et de Genève.
  • Jacques Lefèvre d'Étaples (1450-1537)

    Théologien, il est le fondateur du cénacle de Meaux et le premier traducteur de la Bible en français.
  • Jean Calvin (1509-1564)

    Une génération après Luther, le Français Jean Calvin est l’organisateur de la Réforme : organisateur de l’Église, de la doctrine et du rôle de l’Église dans l’État.
  • Érasme (1469-1536)

    Érasme, grande figure de l’humanisme du XVIème siècle, est un esprit ouvert et cultivé, européen avant l’heure. Il est l’artisan de la première édition critique du Nouveau Testament en grec...
  • Jacques Sturm (1489-1553)

    Jacques Sturm est une figure majeure de la Réforme protestante à Strasbourg. Ouvert aux nouveaux courants religieux, il adhère au message de Luther, et imprime au niveau de la cité...