Paris

Les cultes clandestins à Paris au XVIe siècle

  • Colonne : reste de l'Hôtel de Soissons (75)
    Colonne : reste de l'Hôtel de Soissons (75) © O. d'Haussonville

Rue Saint-Denis, dans des maisons privées.

Rue du Coq, à l’emplacement de l’actuel temple de l’Oratoire. Lorsque survenait le guet, la salle de réunion se transformait en salle de jeux.

À « la maison du patriarche » aux Gobelins, appartenant à la famille Canaye, Théodore de Bèze y prêche lors du Colloque de Poissy (1561). Il y communie avec le Prince de Condé en 1562. Pillé et incendié par le connétable de Montmorency, le lieu de culte est déplacé rue des Fossés-Saint-Jacques, dans une maison dite « Le Temple de Jérusalem ».

Rue Popincourt, sur le fief du seigneur de Popincourt. Dans leurs hôtels particuliers, des seigneurs huguenots accueillent des prêches.

À l’hôtel de Soissons (près de l’actuelle Bourse du Commerce) où réside le Prince de Condé qui, à la Saint-Barthélemy, se réfugie dans la chambre du roi Charles IX au Louvre, et a la vie sauve grâce à son abjuration.

À l’hôtel de Renée de Ferrare (fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne), rue Pavée, devenue aujourd’hui rue Séguier.

Au palais du Louvre, dans la salle des Caryatides pour la sœur d’Henri IV, Catherine de Bourbon. Après l’Édit de Nantes (1598) les lieux de culte huguenots sont autorisés à condition qu’ils soient situés à cinq lieues d’un siège épiscopal. Les premiers lieux de culte des parisiens s’installent à Grigny, puis Ablon, enfin à Charenton.

Le palais du Louvre

  • Paris, le Louvre, angle sud-ouest de la cour carrée (75)
    Paris, le Louvre, angle sud-ouest de la cour carrée (75) © O. d'Haussonville

Autour de la Cour carrée (doublée sous Louis XIV), s’élèvent à l’ouest et au sud les ailes construites pour Henri II et Catherine de Médicis (ouest) et Charles IX puis Henri IV (sud). L’aile sud est décorée par le sculpteur protestant Jean Goujon. Elle est ornée du chiffre d’Henri IV et Catherine de Médicis.

La Petite Galerie qui enjambait l’ancien fossé de Charles V, construite sous Henri IV, abritait l’appartement du Roi et celui de Marie de Médicis.

La galerie du Bord de l’Eau, (jusqu’aux actuels guichets), est construite sous Henri IV dans l’idée de joindre le Louvre aux Tuileries.

La Salle des Caryatides sert de salle de culte à Catherine de Bourbon, sœur de Henri IV.

Saint-Germain-l'Auxerrois

  • Clocher de Saint-Germain-l'Auxerrois (Paris)
    Clocher de Saint-Germain-l'Auxerrois (Paris) © O. d'Haussonville

C’est du clocher situé au-dessus du transept sud que sonna le tocsin, répondant à la cloche du Louvre, donnant le signal du massacre de la Saint-Barthélemy, dans la nuit du 23 au 24 août 1572.

À gauche de l’église en venant du Louvre, se trouvait la maison de l’Amiral de Coligny, à la hauteur du 136 rue de Rivoli. Le 22 août 1572, l’Amiral de Coligny fut blessé au cours d’un attentat commandité par le duc de Guise. La peur des représailles des huguenots fait arracher au roi Charles IX l’ordre du massacre qui sera celui de la Saint-Barthélemy. À l’aube du dimanche 24 août, le duc de Guise lui-même et ses tueurs assassinent Coligny dont le corps est jeté par la fenêtre. Sa fille, Louise de Coligny réussit à s’échapper par les toits et se réfugie chez la duchesse de Ferrare. Le futur Sully, baron de Rosny, échappe en brandissant un livre de messe. Il y a environ 3 000 victimes à Paris.

Au cours du XVIe siècle, nombreuses furent les victimes de supplices exemplaires destinés à frapper les imaginations.

La Croix du Trahoir (à l’angle des rues Saint Honoré et de l’Arbre Sec) évoque trois suspects brûlés vifs sous François Ier en représailles de l’affaire des Placards (1535). Trois autres furent brûlés aux Halles.

La place de Grève

  • Joute entre Henri II et le comte de Montgomery
    Joute entre Henri II et le comte de Montgomery © S.H.P.F.

La place de l’Hôtel de Ville actuelle est un lieu de tortures. De nombreuses exécutions se déroulent sur cette place dont celle d’Anne du Bourg, conseiller au parlement de Paris (1559) et celle de Montgomery, adversaire de Henri II dans le tournoi fatal de 1559, que Catherine de Médicis envoya à l’échafaud en 1574.

La place Maubert

La Place Maubert vit le supplice d’Étienne Dolet, (1546) célèbre humaniste et celui de la jeune Philippe de Luns (1557).

Le Palais de justice

  • Palais de Justice, Tour de l'Horloge (75)
    Palais de Justice, Tour de l'Horloge (75) © O. d'Haussonville

C’est l’ancien palais royal des Capétiens. De nombreux huguenots sont enfermés dans la tour de l’Horloge avant d’être suppliciés, dont Louis de Berquin (1529), conseiller de François Ier et Anne du Bourg (1559).

La Conciergerie

  • Palais de Justice, la Conciergerie (75)
    Palais de Justice, la Conciergerie (75) © O. d'Haussonville

Elle est le lieu de réunion de la chambre mixte de l’Édit de Nantes chargée de régler les litiges sur l’application de l’édit.

La place Royale (place des Vosges)

Ici s’élevait l’hôtel des Tournelles qu’affectionnait Henri II. Près de là, vers la rue Saint-Antoine il organisa le tournoi où il fut mortellement blessé par Montgomery (1559). Henri IV y fait édifier la place actuelle par Androuët du Cerceau et Salomon de Brosse, architectes protestants. Sully y habita l’hôtel qui porte son nom 62 rue Saint-Antoine.

L'hôpital Saint-Louis

L’hôpital Saint-Louis fut construit « hors les murs » par les deux mêmes architectes protestants, Salomon de Brosse et Androuët du Cerceau.

L'hôtel Carnavalet

  • Paris, musée Carnavalet - les 4 saisons de Jean Goujon (75)
    Paris, musée Carnavalet - les 4 saisons de Jean Goujon (75) © O. d'Haussonville

Il a été habité vers 1570 par le breton huguenot Kernevenoy. Il est décoré par le sculpteur protestant Jean Goujon de hauts-reliefs représentant les saisons.

Le Pont-neuf et la place Dauphine

Ils sont l’œuvre de l’architecte huguenot Androuët du Cerceau.

L'église de Saint-Germain-des-Prés

  • Paris, palais Abbatial de Saint-Germain-des-Prés (75)
    Paris, palais Abbatial de Saint-Germain-des-Prés (75) © O. d'Haussonville

Principal vestige de l’abbaye, l’église date des XIe et XIIe siècles. Les remparts de l’abbaye, établie hors les murs (de Paris) protégeaient son indépendance. L’humaniste français Lefèvre d’Étaples s’y établit (1507) devient vicaire général (1518) et a des élèves notoires, Guillaume Budé, Jean du Bellay (futur évêque de Paris), Guillaume Farel, ami de Calvin. Nommés les « bibliens » ils appelaient de leurs vœux une réforme en douceur de l’Église. Du clocher de l’église, Henri IV fait un poste d’observation pendant le siège de Paris (1590-1594). Il reste quelques vestiges :

  • au 3 rue de l’Abbaye : des éléments du palais abbatial (XVe siècle) construit pour le cardinal Charles de Bourbon, oncle d’Henri de Navarre, qui maria le futur Henri IV avec Marguerite de Valois ;
  • au 8 rue de l’Abbaye : des éléments de la chapelle de la Vierge où Lefèvre d’Étaples enseigna ;
  • et aux 12, 13 et 16 rue de l’Abbaye : des éléments du cloître, du réfectoire et de l’enceinte de l’abbaye.

11 rue de la Ferronnerie

  • Plaque commémorant l'assassinat du roi Henri IV (1610), 11 rue de la Ferronnerie, à Paris
    Plaque commémorant l'assassinat du roi Henri IV (1610), 11 rue de la Ferronnerie, à Paris © O. d'Haussonville

Une plaque dans le pavage indique l’emplacement où Henri IV fut assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610 en se rendant du Louvre à l’Arsenal pour rencontrer Sully.

Le Quartier latin

  • Paris, collège Fortet, résidence de Calvin
    Paris, collège Fortet, résidence de Calvin

Calvin y est étudiant dès 1523 : au collège de la Marche, rue de la Montage Sainte-Geneviève, au Collège Montaigu où le suit de près Ignace de Loyola.

Après des études de droit à Orléans et Bourges, Calvin revient à Paris (1531) au collège Fortet : 21 rue Valette subsistent dans la cour deux murs, un escalier gothique, une chambre.

L'église des Mathurins

  • Paris, Église des Mathurins (75)
    Paris, Église des Mathurins (75) © S.H.P.F.

Un vestige est encore visible 7 rue de Cluny.

C’est dans cette église qu’a lieu à la Toussaint 1533 le discours de rentrée de Nicolas Cop, recteur de l’université de Paris et ami de Calvin, qui prône les idées nouvelles de la Réforme.

Abbaye Sainte-Geneviève (actuel Lycée Henri IV)

Témoins de l’époque de Calvin qui fréquentait ce lieu, le clocher de l’église (rue Clovis) et la façade de l’ancien réfectoire (rue Clotilde).

 

Rue Saint-Jacques

A l’emplacement de l’actuel observatoire de la Sorbonne se tient du 4 ou 5 septembre 1557 une assemblée de plus de 300 réformés qui est dénoncée au guet. 120 personnes sont arrêtées, et sept condamnées à mort dont la jeune Philippe de Luns.

Le château de Vincennes

  • Donjon de Vincennes
    Donjon de Vincennes

Le donjon (XIVe siècle) est le témoin d’un passé douloureux. Au second étage, se déroula l’agonie de Charles IX, hanté par des hallucinations où repassaient les scènes de la Saint-Barthélemy. Il était veillé par sa mère, Catherine de Médicis, et soigné par sa nourrice huguenote, originaire de la Brie.

Après son abandon comme château royal, Vincennes sert de prison. Des maximes huguenotes à références bibliques ont été gravées sur les murs par des prisonniers protestants.

Lieux de mémoire du XVIe siècle autour de Paris

  • Maison de Calvin au hameau d'Enfer
    Maison de Calvin au hameau d’Enfer

L’implantation de la Réforme autour de Paris fut très difficile. Des persécutions contre les prétendus hérétiques ont lieu au cours du XVIe siècle à Chartres, Senlis, Pontoise, Saint-Germain-en-Laye, Soissons.

Peu d’églises importantes s’implantent à l’exception de celles de la région briarde (Meaux et Fontainebleau). Au XVIe siècle de petites communautés existent à Villiers-le-Bel, Senlis, Mantes

De ce passé protestant subsistent quelques toponymes dans les Yvelines :

  • Vaux-les-Huguenots (entre Epône et Aubergenville),
  • le hameau d’Enfer (entre Mantes et Magny-en-Vexin)avec la maison dite de Calvin, un cimetière des protestants et « une mare des protestants ».

Bibliographie

  • Livres
    • DUBIEF Henri et POUJOL Jacques, La France protestante, Histoire et Lieux de mémoire, Max Chaleil éditeur, Montpellier, 1992, rééd. 2006, p. 450
    • LAURENT René, Promenade à travers les temples de France, Les Presses du Languedoc, Millau, 1996, p. 520
    • REYMOND Bernard, L’architecture religieuse des protestants, Labor et Fides, Genève, 1996

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