Œuvres pastorales
A la reconnaissance officielle des cultes protestants, il fallait donner des assises pratiques. Très vite, le problème des conditions de vie du corps pastoral s’est donc posé.
Le souci de la communauté pour ses pasteurs
Si les protestants français ont retrouvé au XIXe siècle une identité publique, ils n’en étaient pas moins assez démunis après la longue épreuve. Se posait bien sûr le problème des lieux de culte : beaucoup de temples ont été construits. Mais se posait surtout le problème de la constitution d’un corps pastoral bien formé et suffisamment nombreux, vivant dans des conditions propres à faciliter son ministère. C’est là le propos d’un certain nombre d'œuvres pastorales.
L’une des premières tâches à remplir était de faciliter le recrutement des pasteurs ; un certain nombre d'œuvres visaient notamment à créer, à côté des Facultés de théologie de l’État, des Facultés libres (celle de Montauban, avant qu’elle ne devienne faculté d’État) et des Écoles préparatoires de théologie aux ambitions plus limitées (formation courte et ciblée aux besoins les plus urgents donnée par exemple à l’Institut de Glay (fondé en 1821) ou à l’École des Batignolles (fondée d’abord à Lille en 1846, puis établie à Paris en 1847).
D’autres visaient à renforcer les liens entre des pasteurs, soit qu’ils aient eu à exercer dans des paroisses isolées (Unions pastorales régionales en Cévennes, en Ardèche, en Normandie), soit qu’ils aient appartenu à une dénomination particulière (Association des pasteurs libéraux, fondée en 1885).
D’autres encore se préoccupaient de faciliter la formation continue des pasteurs (ce sont les Sociétés de théologie qui ont notamment vu le jour au moment des progrès de l’exégèse biblique, soit au temps de la crise moderniste dans l’Église catholique).
Au début de la IIIe République, fut créée une Association pour l’encouragement des études à la Faculté de théologie de Paris, laquelle distribuait des bourses d’études et de voyages aux étudiants.
Enfin beaucoup se préoccupaient des conditions de vie des pasteurs et de leur famille. Ce sont les nombreuses œuvres de prévoyance.
Œuvres de prévoyance pour le corps pastoral
Du fait du Concordat, les pasteurs de l’Église protestante étaient en principe payés par l’État, et pouvaient même bénéficier d’une allocation de retraite. Cependant, ces dotations publiques étaient d’autant plus faibles que le statut des pasteurs était homologué à celui des prêtres. N’étaient donc pris en compte ni le fait que les pasteurs avaient des charges de famille, ni celui que peu de presbytères pouvaient être mis à leur disposition. Il fallait alors pouvoir compléter les traitements alloués au corps pastoral et leur fournir des logements lorsque cela était urgent (Œuvre des presbytères du Poitou par exemple).
Par ailleurs, les conditions du Concordat n’étant pas toujours appréciées, beaucoup d’Églises, libres par rapport à l’État, s’étaient constituées. Il fallait l’assumer concrètement.
L’un des problèmes lourds a été celui de la retraite des pasteurs. En effet, les allocations d’État étaient si faibles que beaucoup prolongeaient leur vie active au delà du raisonnable.
C’est pourquoi diverses associations se sont peu à peu mises en place dans le propos de gérer cette situation par la réunion et la gestion de fonds propres, dons et legs, notamment. Dans les faits, ce n’est que sous le second Empire que ces problèmes de solidarité dans une communauté de plus en plus visible ont pu être traités en termes opérationnels, avec l’aide de banquiers et grands administrateurs protestants. Un certain nombre de caisses de retraite (pour les pasteurs de l’Église réformée et de l’Église luthérienne) ont vu le jour. Les veuves de pasteurs ont également été prises en charge, mais plutôt à des échelons locaux et régionaux que nationaux, (Association des Veuves protestantes, etc.).
Caisse de retraite des pasteurs de l'Église réformée de France
Elle a été créée comme Caisse complémentaire en 1863 à l’initiative du Président du Conseil d’administration des Chemins de fer PLM, Monsieur Dassier. Outre la promesse d’un legs important, celui-ci prit soin des démarches administratives les plus utiles, constituant un Conseil d’Administration solide (où étaient parties prenantes les familles Vernes, Mallet et Hottinger), faisant approuver les statuts de la Caisse par le Conseil d’État, et s’assurant du concours de la Caisse des Dépôts et Consignations pour le suivi bancaire des biens.
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