Moyse Amyraut (1596-1664)
Moyse Amyraut occupe une place importante dans l’histoire de la théologie réformée du XVIIe siècle.
Amyraut, figure de l'humanisme réformé de l' « école de Saumur ».
Moïse Amyraut est né à Bourgueil (Touraine) en 1596.
Il fait des études de droit, puis de théologie à Saumur où il sera ministre et dès 1633, nommé professeur à l’Académie protestante.
C’est à Saumur que la majeure partie de sa vie va se dérouler et c’est là qu’il mourra le 13 janvier 1664.
L’Académie de Saumur, créée par Philippe du Plessis-Momay en 1599, est marquée dès son origine par l’influence modérée de son fondateur et, au cours du XVIIe siècle, son rayonnement est grand. Elle est l’expression de ce que l’on pourrait appeler un humanisme réformé, dont Amyraut est un représentant typique. Il est réputé pour sa largeur d’esprit, sa modération et son aptitude à la tolérance.
L’humanisme de l’école de Saumur s’est exprimé dans le domaine théologique, dans le champ de la recherche historique et philologique et dans celui de la réflexion politique.
À la suite de la Paix d’Alès (1629), les protestants, privés de leurs places fortes et de leurs privilèges politiques, sont amenés à développer une grande activité intellectuelle.
Ils tentent, dans leurs écrits, de justifier théoriquement l’Édit de Nantes, de démontrer qu’ils ne sont fauteurs ni de désordre ni de subversion.
Sur le thème de la prédestination, Amyraut ravive une querelle au sein du monde réformé (1634-1644), mais sa position est celle de la conciliation.
Son livre : Brief traitté de la prédestination et de ses principales dépendances (Saumur, Lesnier et Desbordes, 1634) ravive une querelle parmi les réformés sur le thème de la prédestination.
En effet, en 1618-1619, un synode avait été réuni à Dordrecht (Hollande) pour tenter de résoudre le problème posé par les thèses défendues par Arminius (1560-1609) qui remettaient en question la doctrine calviniste officielle affirmant la double prédestination. Face aux arminiens, qui défendaient l’idée d’une responsabilité de la foi individuelle pour le salut, les gomariens, disciples de François Gomar (1563-1641), soutenaient que le décret divin de prédestination ne laisse aucune place à la volonté humaine en matière de salut. À Dordrecht les positions gomariennes ont été approuvées et le système d’Arminius dénoncé. En 1620, le synode d’Alès approuve les décisions de Dordrecht.
Disciple de l’Écossais John Cameron (1580-1625), qu’il rencontre à Saumur entre 1618 et 1620 et dont il suit l’enseignement, Amyraut tente de concilier les positions des uns et des autres.
Il pose le principe d’un salut accessible à tous sous condition de la foi, Dieu veut le salut de tous les hommes, mais ne donne pas à tous la foi au Christ, condition nécessaire au salut.
Cette prise de position suscita des remous au sein du monde réformé. Les pasteurs de Charenton défendaient Amyraut, tandis que des réactions hostiles venaient des Pays-Bas, de Saintonge ou de Sedan, notamment de la part de Pierre Du Moulin (1568-1658), professeur à l’Académie de Sedan.
En 1637, le Synode d’Alençon manifeste à Amyraut sa confiance, et, si au synode de Charenton, de nouvelles plaintes sont portées contre lui, il n’y est pas donné suite et la querelle s’apaise progressivement
La modération, la tolérance et l’ouverture de la pensée d’Amyraut ont permis un renouveau de la théologie réformée.
Son œuvre écrite est abondante et lui vaut une grande notoriété.
L’œuvre écrite d’Amyraut est très vaste et aborde de nombreux domaines : tout d’abord la théologie, mais aussi la morale, l’exégèse, et même la polémique.
Ses ouvrages majeurs sont :
- Traité des religions contre ceux qui les estiment indifférentes, (Saumur, 1631).
- Brief Traitté de la prédestination et de ses principales dépendances, (Saumur, 1634).
- Discours sur l’état des fidèles après la mort, (Saumur, 1646), écrit à la suite du décès de sa fille Elisabeth.
- Apologie pour ceux de la Religion, (Saumur, 1647), destinée à justifier le comportement politique des réformés français, à démontrer qu’ils ne sont fauteurs ni de désordres ni de subversion, qu’ils ne contestent pas l’autorité du roi et ne trament aucunement de créer un État dans l’État.
- Morale chrétienne, 6 vol., (Saumur, 1652-1660).
- Du gouvernement de l’Église contre ceux qui veulent abolir l’usage et l’autorité des synodes, (Saumur, 1653), ouvrage dans lequel Amyraut fait l’apologie de la forme la meilleure et la plus sage de gouvernement ecclésiastique : le régime presbytérien-synodal.
- Vie de François de La Noue depuis le commencement des troubles religieux en 1560 jusqu’à sa mort (Leyde, 1661).
Bibliographie
- Livres
- LAPLANCHE François, Orthodoxie et prédication. L’œuvre d’Amyraut et la querelle de la grâce universelle, PUF, Paris, 1965
- STAUFFER Richard, Moïse Amyraut, un précurseur français de l’œcuménisme, Librairie protestante, Paris, 1962
Notices associées
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