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Les Synodes du Désert

Pendant toute la période où l’exercice de la religion protestante est interdit en France, des cultes clandestins (ou assemblées du Désert) ont lieu dans de nombreuses régions, surtout méridionales. Des synodes clandestins se tiennent régulièrement, réunissant pasteurs et laïcs, tout d’abord au niveau provincial. A partir de 1726, des synodes dits nationaux ne réunissent en fait que les délégués de quelques provinces. Ils restaurent la discipline des Églises réformées et donnent un coup d’arrêt au prophétisme.

Le synode des Montèzes (1715)

Premier synode du Désert aux Montèzes, gravure de Samuel Bastide
Premier synode du Désert aux Montèzes, gravure de Samuel Bastide © Musée du Désert

Le 24 août 1715, une réunion de neuf personnes (4 laïcs et 5 prédicants) s’est tenue au hameau des Montèzes (Gard). Plus tard, on a donné le nom de synode des Montèzes à cette réunion car elle a été décisive pour l’avenir des Églises réformées. Elle essaye de réglementer les assemblées du Désert et de faire taire les prophètes. Un jeune prédicant, Antoine Court, la préside.

La mesure la plus importante est le rétablissement des anciens selon la discipline des Églises réformées. Ces anciens auront la responsabilité de convoquer les assemblées, en usant de prudence, de procurer aux prédicants des retraites sûres et des guides pour les y conduire et de faire des collectes pour les pauvres.

Parmi les prédicants réunis, se trouvent Jean Huc, prédicant, ancien camisard de la troupe de Rolland, Jean Vesson, un ancien prophète, Pierre Durand, frère de Marie Durand.

Après cette réunion des Montèzes, plusieurs synodes provinciaux se réunissent en 1717, 1718, 1720 et 1721.

Le premier synode national (1726)

Dans la période suivant la révocation de l’édit de Nantes, le premier synode, qualifié de national parce qu’il réunit des délégués de trois provinces, se tient en Vivarais en 1726. Il est clandestin comme tous les synodes du Désert. Il réunit trois pasteurs, huit proposants et trente-six anciens. On connaît les trois pasteurs :

  • Jacques Roger (1665–1745), pasteur dans le Dauphiné, consacré en 1715 dans le Wurtemberg et rentré clandestinement en France ;
  • Pierre Corteiz (1683-1767), ancien camisard, consacré à Zurich en 1717 ;
  • Antoine Court (1695-1760), consacré le 21 novembre 1718 par Pierre Corteiz lors d’un synode provincial.

Jacques Roger en est le modérateur. Ce synode rejette le prophétisme et la prédication des femmes. Il rétablit l’organisation traditionnelle des Églises réformées, prêche la prudence pour la convocation des assemblées, mais refuse toute rébellion contre le roi.

Deuxième synode national (1727)

Ce deuxième synode national se tient dans le Dauphiné avec les mêmes trois pasteurs, cinq proposants et trente-cinq anciens. Il défend de porter des armes dans les assemblées. Il établit un conseil extraordinaire qui pourvoit aux affaires urgentes entre deux synodes. Il rétablit la charge de « député général », non plus auprès du roi de France comme sous l’édit de Nantes, mais auprès des princes et pays protestants. Ce député aura la charge de réclamer leur intercession auprès de la Cour de France lorsque la persécution deviendra trop violente et surtout de demander des subsides pour venir en aide aux Églises du Désert et aussi pour le séminaire de Lausanne qui vient d’ouvrir pour assurer la formation des futurs pasteurs du Désert.

Cette charge est confiée à Benjamin Duplan, gentilhomme, qui parcourra l’Europe pour réclamer de l’aide pour les « Églises sous la croix » (c’est ainsi que se nomment les Églises du Désert en raison des persécutions qu’elles subissent) et s’établira ensuite à Londres.

Les synodes ultérieurs

En 1730 a lieu le troisième synode national en Vivarais. Le modérateur en est Pierre Durand. Ce synode fixe la nomination des ministres qui sont consacrés hors de France mais doivent être admis lors d’un synode provincial.

En 1744 a lieu le quatrième synode national à Lédignan (Gard). Pour la première fois viennent des députés de Saintonge, Poitou et Normandie. Antoine Court, établi à Lausanne, revient pour ce synode. Le modérateur est le pasteur Michel Viala qui est à l’oeuvre dans le Comté de Foix, le Montalbanais et le Poitou.

Le synode renouvelle sa fidélité envers le roi Louis XV. On raconte même qu’en apprenant que le roi est dangereusement malade à Metz, l’assemblée est tombée à genoux pour prier pour son rétablissement.

En 1748 a lieu le cinquième synode national dans le Vivarais. Le modérateur est un ancien élève du séminaire de Lausanne, Pierre Peyrot, pasteur dans le Vivarais. Le synode interdit explicitement les baptêmes et les mariages catholiques, sous peine d’excommunication. Les pasteurs du Désert devront tenir des registres de baptême et de mariage.

Le synode suivant n’a lieu qu’en 1756 en raison de la reprise des persécutions. D’après un mémoire annexé à son procès verbal, on recense en 1756 : 48 pasteurs en exercice, 18 proposants, 4 étudiants au séminaire de Lausanne. Ce synode se penche sur la rémunération des pasteurs en exercice et exhorte les consistoires à porter les honoraires des pasteurs à 400 livres par an.

Les derniers synodes du désert

Sceau du dernier synode du Désert
Sceau du dernier synode du Désert © Musée du Désert

En 1758 a lieu le septième synode national, en Cévennes, dont le modérateur est Paul Rabaut (1718-1794). Il réunit 14 pasteurs et 12 anciens et adresse une requête au roi

En 1763 a lieu le huitième et dernier synode national du désert dans le Bas-Languedoc, avec Paul Rabaut comme modérateur. Ce synode cherche à promouvoir l’union des Églises réformées et la solidarité entre elles. Il rétablit des ministres itinérants pour les provinces qui ne peuvent tenir des assemblées régulièrement.

Bibliographie

  • Livres
    • FELICE Paul (de), Histoire des synodes nationaux, Ed. Grassart, Paris, 1864

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