Les écoles maternelles
Le XIXe siècle fait « la découverte de l’enfant », certainement sous l’influence de J.J. Rousseau pour qui l’art de l’éducation doit être fondé sur une connaissance « scientifique » de l’enfant. Les apports plus lointains de Comenius, plus récents de Pestalozzi et surtout, dans le monde francophone, d’Oberlin sont déterminants.
L'initiateur des écoles maternelles
Oberlin est considéré comme l’initiateur des écoles maternelles, regroupant les enfants en bas âge dans son institution des « poêles à tricoter », évitant aux enfants dont les parents travaillent d’être abandonnés à la rue et permettant de leur donner les premiers éléments d’éducation. De plus, pour remédier au manque de maîtres, Oberlin avait proposé de faire encadrer les enfants par des moniteurs choisis parmi les enfants eux-mêmes, ce que l’on a appelé l’« enseignement mutuel ».
Ultérieurement développé en Angleterre, ce système fut adopté par plusieurs consistoires dès l’Empire (à Colmar, Paris, Saint-Hippolyte-du-Fort) et, la paix revenue, plusieurs d’entre eux envoyèrent en Angleterre des responsables pour l’étudier. À la fin de la Restauration, un quart des écoles protestantes était organisé selon ce système. À Nîmes, une école de garçons accueillera jusqu’à 250 élèves, suivie par la création d’une école de filles, toutes deux gratuites et recevant des subventions du Consistoire, du Conseil municipal et du Conseil général.
Ces écoles maternelles furent d’abord des « salles d’asile » ou des « refuges » à vocation charitable. De nombreuses initiatives privées permirent à certaines d’entre elles de devenir de véritables foyers éducatifs préparant à l’instruction élémentaire. Ce système exprimait un esprit nouveau : « la nécessité d’une entraide à tous les niveaux en matière d’éducation populaire, le principe que l’on développe ses connaissances en les répandant autour de soi » (J.-Cl. Vinard, Les écoles primaires protestantes en France de 1815 à 1885, op. cit.). Combattu par le clergé catholique (« une telle méthode est vicieuse, puisque les enfants y apprennent de bonne heure à ne compter pour rien l’autorité de l’âge, à n’avoir confiance que dans le mérite qu’ils se persuadent d’avoir » disait l’abbé Affre, futur archevêque de Paris), le système avait également l’avantage d’une économie de moyens : il était normal qu’il soit progressivement abandonné quand le réformé Guizot permit de remédier au manque d’instituteurs.
Le rôle des femmes
Le rôle des femmes de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie, catholique et protestante, organisées dès 1826 au sein d’un Comité, doit être souligné, au premier rang desquelles Émilie Mallet. Informée des expériences britanniques des « infant schools », J.-Cl. Vinard écrit d’elle :
« elle sut vaincre les difficultés que rencontra l’institution des premières salles d’asile. Sur le plan financier elle lança une souscription (gérée par la banque Mallet), sur le plan administratif elle se signala par l’habileté et la ténacité de ses démarches, et sur un plan religieux par l’esprit interconfessionnel (sinon œcuménique) qu’elle fit adopter pour que l’ambiance religieuse soit présente dans les salles d’asile… Pour sauvegarder la spécificité éducative des salles d’asile et l’autonomie de leur encadrement féminin, elle aura à s’opposer aussi bien à son coreligionnaire, François Guizot qui, dans l’esprit de sa loi de 1833 aurait voulu une plus grande intégration à l’Instruction publique, qu’à l’impératrice Eugénie qui, mise à la tête de ces œuvres à l’avènement au trône de son mari, appuiera plutôt une influence contraire ».
À partir de 1881, les écoles maternelles, dont le nom est officialisé à cette date, se développèrent dans le système de la laïcité. En mars 1882, une loi est créée rendant obligatoire l’enseignement pour les enfants de 6 à 13 ans. Sous la troisième république, Pauline Kergomard est responsable de l’école maternelle, dont elle est la première inspectrice générale.
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