Le Catéchisme
dans l’Église Réformée

Le terme catéchisme désigne l’instruction religieuse délivrée par l’Église aux adolescents ou adultes pour leur enseigner les éléments fondamentaux de la foi.

Les origines

  • Bannière de l'école du dimanche d'Orthez
    Bannière de l'école du dimanche d'Orthez © Musée Jeanne d'Albret

Le mot catéchèse vient du grec « Katekein » qui signifie faire écho, faire résonner. C’est instruire sous une forme orale pour transmettre non des rites mais des articles de foi et une espérance.. Il s’agit donc de donner de l’écho à la parole qui nous fait vivre, de mettre en résonance l’Évangile avec la vie. La catéchèse n’est pas seulement l’affaire des catéchètes, des jeunes et de leurs parents mais de l’ensemble de la communauté. Le croyant est toujours appelé à se former et à témoigner de sa foi.

La notion de catéchuménat est un héritage de l’antiquité chrétienne. Le catéchuménat naît en période d’adversité du christianisme. La Réforme a reconstitué le catéchuménat en créant simultanément des catéchismes pour endiguer les dérives religieuses de la fin du Moyen Age et pour inscrire le croyant dans une vraie communauté confessante.

Les différents modèles catéchétiques

  • Le modèle biblique, faire des disciples : C’est Jésus en train d’enseigner dans les synagogues, dans le temple de Jérusalem, dans les villes et les bourgs, au bord de la mer ; il s’adresse indifféremment aux disciples, aux pharisiens et aux foules. Ce sont les Épîtres pastorales qui insistent sur le contenu de l’enseignement de la doctrine tirée des Écritures.
  • Le modèle antique, créer un catéchuménat : Cette organisation est rendue nécessaire par l’accroissement numérique des membres de l’Église, leur extension géographique et le développement des hérésies mais aussi par les persécutions de l’État et l’hostilité populaire.

Avec l’Édit de Milan de 313, le christianisme devient religion officielle. Le sens des sacrements se modifie, ils deviennent des rituels sacrés permettant d’obtenir le salut et de s’incorporer au corps social. L’instruction religieuse est comprise comme une branche de la théologie scolastique c’est-à-dire que la méthode scolastique substitue à l’approche biblique et historique des Pères une démarche abstraite, logique où les vérités à croire prennent le pas sur l’annonce de la bonne nouvelle et la conversion des coeurs.

  • Le modèle réformé moderne, construire un catéchisme : C’est la Réforme qui introduit le catéchisme et la divulgation des manuels prévus à cette fin. Ce faisant, elle répond à une nécessité pratique autant que théologique et crée du même coup un genre littéraire appelé à un succès interconfessionnel. Chacun doit être instruit des éléments fondamentaux de la foi. Au cours des premières années de la Réforme plus d’une trentaine de catéchismes sont publiés.

Les différents catéchismes

  • Ostervald : « catéchisme ou instruction dans la religion chrétienne »
    Ostervald : « catéchisme ou instruction dans la religion chrétienne »

En 1529, Luther rédige et fait imprimer ses 2 catéchismes : le Petit Catéchisme à l’usage des pasteurs et des prédicateurs peu instruits destiné aux débutants et adapté à l’usage domestique ; puis le catéchisme allemand ou Grand Catéchisme destiné à ceux qui ont charge de l’instruction religieuse. Tant par la forme (questions-réponses) que par le contenu, ils deviennent le modèle auquel les très nombreux autres catéchismes du XVIe resteront fidèles bien au-delà des frontières du protestantisme.

En 1545, Calvin publie le Catéchisme de Genève, fait en manière de dialogue, où le ministre interroge et l’enfant répond qui sera vite supplanté par le Catéchisme de Heidelberg, rédigé en 1563 par une équipe de théologiens, réunie sous l’égide de Frédéric III, prince électeur du Palatinat rallié à la Réforme.

Le caractère parfois doctrinal de ces catéchismes est pondéré par le message existentiel d’un Dieu personnel auquel on peut faire confiance. Néanmoins, ces textes demeurent difficiles et pour les retenir il faut souvent les apprendre par cœur ; ils ne contiennent aucun article pratique susceptible d’orienter la vie quotidienne des catéchumènes. Cependant ces textes ont durablement marqué les mentalités protestantes.

A la fin du XVIIe siècle, la rigidité de ces textes est combattue. Ostervald, pasteur à Neuchâtel en Suisse, décide d’écrire un catéchisme « afin de former le jugement et le coeur des enfants ». En 1702 paraît Le catéchisme ou instruction dans la religion chrétienne qui rencontra un succès considérable, surtout dans sa version abrégée utilisée jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Les Écoles du Dimanche

  • Jean Paul Cook (1828-1886)
    Jean Paul Cook (1828-1886) © Mours
  • École du Dimanche au temple de l'Oratoire (1822), Paris.
    École du Dimanche au temple de l’Oratoire (1822), Paris.

Le mouvement du Réveil à la fin du XVIIIe et début du XIXe siècle ambitionnait de faire lire la Bible au monde entier. C’est alors que naquirent les premières Écoles du dimanche, les premières Sociétés bibliques et les premières Sociétés de mission. C’est en Grande-Bretagne que fut créée en1781 la première École du Dimanche. Les enfants étaient réunis en groupe de 6 ou 8 pour faire l’apprentissage de la lecture, notamment celle de la Bible. Des cercles se réunissaient sous l’égide d’un prêtre Anglican, d’abord en dehors des Églises puis plus tard s’intégreront aux Églises.

En France, de nombreuses Écoles du Dimanche se développèrent en marge des Églises et des écoles, on en recense près de 130 lors de la fondation de la Société des Écoles du Dimanche (SED), en 1852, par Jean-Paul Cook. Ce jeune évangéliste formé en Suisse et en Grande-Bretagne avait publié dès 1848 une brochure L’histoire et l’organisation d’une École du Dimanche, où aussi bien la pédagogie que le contenu de leur enseignement étaient expliqués ; à partir de 1851, il lançait un journal Le Magasin des Écoles du Dimanche.

La SED (Société des Écoles du dimanche) définit ainsi son objectif : Propager les vérités évangéliques par le moyen des Écoles du Dimanche. La Société des Écoles du Dimanche soutient la formation de ces écoles, elle s’attache à les perfectionner sans vouloir s’immiscer dans leur direction. Elle s’inscrit dans une perspective missionnaire. Toutes les Églises protestantes sont invitées à entrer dans le mouvement. La formation repose sur la Bible exclusivement. Les pasteurs sont invités à participer au mouvement mais toujours accompagnés de laïcs. Dès ses débuts, la SED a mis au point un matériel pédagogique que publie une maison d’édition créée à Paris en 1857. En 1865, La feuille du dimanche pour les enfants est éditée chaque semaine avec un texte biblique, une histoire et parfois une illustration ; en 1888, le journal des Écoles du Dimanches arelayé Les leçons bibliques de 1867 ; puis des images représentant des scènes bibliques, des vues lumineuses ainsi qu’un calendrier ont contribué à la modernisation de la pédagogie…

Néanmoins au synode national des Églises réformées du Havre en 1902, le pasteur Wilfred Monod mit en doute la pédagogie des Écoles du Dimanche, en soulignant qu’un même programme était imposé à toutes les classes d’âge et qu’il ne préparait les enfants, ni à la vie communautaire, ni au culte public.

La catéchèse aujourd'hui

La difficulté de la catéchèse tient à ce qu’elle se situe entre l’enseignement, la transmission et le témoignage. Mais en tenant compte du fait qu’il n’existe pas de synthèse théologique éternelle, ni de pédagogie définitive, il faut toujours s’interroger sur les destinataires de la catéchèse (enfants, adolescents, jeunes adultes…) et la manière de la pratiquer.

En 2002, la SED est dissoute pour laisser place à la coordination Édifier et Former qui propose quelques pistes :

  • Une ouverture au monde de la Bible, chacun pouvant ainsi interpréter les textes et se laisser interpeller par eux.
  • Une source de connaissance sur les symboles de la foi chrétienne, sur l’histoire du christianisme mais aussi sur les expressions religieuses différentes de nos contemporains.
  • Une rencontre de témoins, (personnages bibliques mais aussi catéchètes, membres de l’Église ou acteurs de la vie sociale…).
  • Un espace de conversation où chacun débat en toute confiance de ses convictions et de ses doutes, de son rapport au monde et à Dieu. Les textes bibliques et les témoignages de foi viennent étayer cette réflexion.

Sur le plan régional existe une cellule régionale de catéchèse, lieu de réflexion fondamentale sur la catéchèse d’aujourd’hui ; elle aide les pasteurs et les équipes de catéchètes dans leurs besoins spécifiques touchant la transmission de la foi.

Dans la pratique

Des petits groupes d’enfants se réunissent pour la catéchèse, au temple. Selon les paroisses, ils sont formés par le pasteur ou par des moniteurs qui travaillent seuls ou en binômes. Dans certaines paroisses, le pasteur participe au début de la séance pour introduire le sujet, ou à la fin pour un temps de recueillement. Les programmes diffèrent selon la paroisse, mais concernent toujours les mêmes thèmes. Ainsi, pendant les années d’école biblique, les parcours traitent généralement des personnages bibliques. La période du catéchisme, dont la durée est plus ou moins longue, propose une approche thématique des Écritures et peut aborder l’étude comparative des grandes religions, ou les étapes historiques de la Réforme. De façon générale, le pasteur prend en charge la dernière année de catéchisme qui prépare les adolescents à la confirmation et à la première communion. Il reçoit chaque catéchumène lors d’un entretien individuel lors de cette préparation.

Pour résumer, on peut distinguer trois étapes d’instruction religieuse :

  • Le jardin biblique à partir de 3 ou 4 ans, qui se déroule pendant le culte tous les 15 jours environ.
  • L’école biblique qui s’occupe des enfants de 7 à 10/11 ans et se déroule soit pendant le culte, soit dans la semaine, toutes les semaines ou quinzaines.
  • Le catéchisme qui concerne les jeunes de 11 à 15 ans et dont les modalités peuvent être très différentes selon les paroisses (1h30 tous les 15 jours, un jour par mois…). Ces modalités sont très liées à la dissémination de la paroisse.
  • Les groupes de post-KT pour les jeunes de 15 à 18 ans proposent des discussions, des soirées thématiques ou récréatives et permettent de maintenir des liens dans les groupes où des amitiés se sont nouées.
Auteur : Martine Grenier

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