La croix huguenote
Signe de reconnaissance entre réformés, la croix huguenote n’apparaît qu’un siècle après l’établissement de la Réforme en France.
Époque et origine géographique
La croix semble avoir été créée dans le Midi de la France, par un orfèvre nimois, Maystre, vers 1688. Selon Antoine Valette de Travessac, la croix connut un engouement immédiat grâce au mouvement des « prophètes ». Néanmoins, sa diffusion dans le monde réformé français semble être récente. Ce sont les mouvements de populations, accélérés depuis le dernier tiers du XIXe siècle, qui furent les vecteurs de sa diffusion hors des territoires méridionaux.
Signification
La croix huguenote est formée de deux éléments : la croix et un pendentif.
La croix est à quatre branches égales, dérivant de la croix de Malte et de celle du Languedoc. Il a fréquemment été souligné que la croix ressemble à celle du Saint-Esprit, ordre institué par Henri III, ce qui a donné lieu à des interprétations variées, comme une allusion au loyalisme des protestants envers la monarchie.
Le pendentif représente une colombe ou « Saint-Esprit » en vol. Elle est, bien sûr, colombe de la Pentecôte.
Matériaux
Le matériau classique est l’or. Mais on peut en trouver dans toutes les matières (argent, émail, céramique, bois, nacre, etc.).
Dérivés et autres bijoux
La croix proprement dite connaît beaucoup de variations :
- La croix avec « trissou » : la colombe est remplacée par une petite ampoule, nommée « trissou » dans le midi, en raison de sa ressemblance avec un pilon (« trissou » en occitan). Le motif substitué au Saint-Esprit est une allusion à la Sainte-Ampoule servant au sacre des rois de France. Cette Sainte-Ampoule aurait été apportée à saint Rémy, baptisant Clovis, par une colombe ;
- La colombe et l’ampoule : la colombe peut être associée à l’ampoule, qu’elle tient dans son bec, ou munie de deux ampoules au bout de chacune de ses ailes ;
- « Croix » et ampoules : dans cette version, la colombe est stylisée en forme de croix, dont les différentes branches peuvent porter des décorations variées. Avec ses cinq éléments, la « badine », plus fréquente dans le sud-ouest, se rattache à cette forme ;
- Le Saint-Esprit : la colombe est alors seule. Elle se présente en vol, ailes déployées et bec en bas. Ce dernier type se trouve particulièrement en Normandie. Souvent la colombe tient une branche de végétal ou un bouquet ou encore un panier fleuri.
Utilisations contemporaines : ad libitum !
Faire un inventaire des utilisations contemporaines de la croix huguenote paraît être une tâche impossible, tant elle est associée à l’esprit réformé et tant elle apparaît sur toute sorte de support (imprimée en couverture de revues ou de magazines, ou de publications savantes protestantes, arborée en épinglettes, ornements de boutonnières, motifs de cravates, de foulards, de tee-shirts, en porte-clés, etc.).
Son appropriation systématique marque bien le degré de symbolisme auquel elle est attachée.
Parcours associés
-
Patrimoine des musées, des sociétés d’histoire et des particuliers
Une grande partie du patrimoine mobilier protestant français se trouve dans des musées, des sociétés d’histoire et chez les particuliers, sans oublier les paroisses, mais le protestantisme français est aussi...
Notices associées
-
La robe pastorale
Depuis Calvin, l’usage de la robe noire, robe de docteur de l’université, est couramment revêtue lors de la célébration du culte. Après 1968, elle est délaissée par certains pasteurs, pour... -
Le costume des diaconesses de Reuilly
À la création de leur communauté en 1841, les diaconesses ne souhaitent pas trop s’éloigner, par le costume, de la femme ordinaire. Dans la seconde moitié du XXe siècle, elles... -
Croix
Les croix protestantes sont d’une grande simplicité. Le Christ y apparaît rarement.