Strasbourg et la Réforme protestante : un refuge pour les persécutés
Dès le début du XVIe siècle, Strasbourg, déjà influencée par l’humanisme, s’ouvre progressivement à la Réforme luthérienne, notamment à partir de 1521. La position géographique et politique de la ville joue un rôle clé : éloignée de l’empereur et relativement indépendante, elle jouit d’une grande liberté religieuse. Les autorités locales, composées de bourgeois et de nobles, marginalisent même le prince-évêque dans les affaires religieuses et limitent la chasse aux hérétiques.
Cette tolérance se manifeste également dans la justice municipale, reconnue pour sa modération exceptionnelle dans les conflits religieux. Des figures majeures comme Martin Bucer et Wolfgang Capiton défendent une vision inclusive de la Réforme, ouverte à la diversité des courants théologiques. Leur position favorise l’accueil des chrétiens persécutés, y compris les plus radicaux, tels que les anabaptistes.
Ce climat d’ouverture transforme Strasbourg en véritable havre pour les réfugiés spirituels du Saint-Empire romain germanique. Les anabaptistes eux-mêmes qualifient Strasbourg « d’auberge de la justice » et de « cité de l’espérance », soulignant ainsi son rôle essentiel dans l’histoire du protestantisme comme terre d’accueil et d’expérimentation religieuse.