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Strasbourg devient luthérienne au XVIe siècle, par Marc Lienhard

Dans un premier temps, Bucer se situait dans une ligne médiane entre Luther et Zwingli, le débat portant sur la compréhension de la sainte Cène.

Une controverse théologique autour de la Sainte Cène

Mise en lumière des tensions doctrinales entre Luther, Zwingli et Martin Bucer, notamment sur la compréhension de la Sainte Cène. Tandis que Zwingli considérait cette cérémonie comme purement symbolique, Luther affirmait la présence réelle du Christ dans les éléments du pain et du vin. Bucer, d’abord en position médiane, parvient à se rapprocher de Luther en signant la Concorde de Wittenberg. Cependant, cette alliance ne suffit pas à faire accepter Strasbourg dans le cercle des signataires de la Confession d’Augsbourg en 1530.

La Confession tétrapolitaine : une alternative protestante

Exclus de la confession officielle luthérienne, Strasbourg et trois autres villes rédigent leur propre déclaration de foi : la Confession tétrapolitaine. Ce texte incarne une vision plus ouverte et conciliante du protestantisme, reflet des efforts de Bucer pour rassembler les courants évangéliques. Malgré cette initiative, la ville reste en marge du luthéranisme dominant au sein de l’Empire.

Retour au luthéranisme sous pression politique

À partir de 1549, Martin Bucer est contraint de quitter Strasbourg. La seconde génération de prédicateurs, menée par le théologien Marbach, œuvre alors pour un retour complet au luthéranisme. Ce glissement est renforcé par des facteurs politiques : l’évolution du Sénat strasbourgeois vers un conservatisme favorable à Luther, et l’intérêt stratégique d’adhérer à la seule confession reconnue dans l’Empire, celle d’Augsbourg. Strasbourg, ville de taille moyenne sans puissance militaire significative, se voit contrainte de rejoindre officiellement le camp luthérien pour garantir sa stabilité.