Un héritage religieux franco-allemand enraciné à Strasbourg
Le temple du Bouclier s’inscrit dans une histoire longue et complexe du protestantisme à Strasbourg, une ville libre d’Empire jouissant d’une grande autonomie religieuse dès la fin du Moyen Âge. Dès 1524, Strasbourg devient un refuge pour des réformés venus d’Italie, d’Espagne, du Portugal, de Suisse et de France. Figures majeures de la Réforme, Bucer et Capiton accueillent ces exilés et œuvrent à leur intégration.
Jean Calvin et la structuration de la paroisse francophone
En 1538, Jean Calvin est appelé à Strasbourg pour organiser une paroisse destinée aux protestants francophones. Ce projet est soutenu jusqu’à ce que Charles Quint, catholique fervent, impose des restrictions : seuls les luthériens, rattachés à la confession d’Augsbourg, sont tolérés. Les calvinistes restent exclus de la reconnaissance officielle, ce qui limite considérablement leur liberté de culte.
La tolérance de 1787 et la construction du temple
Ce n’est qu’en 1787, avec l’édit de tolérance de Louis XVI, que les réformés obtiennent enfin le droit d’exister légalement. Les protestants francophones de Strasbourg saisissent cette opportunité pour demander l’autorisation de bâtir un temple. Celle-ci est accordée sous de strictes conditions : le bâtiment doit être discret, sans clocher ni cloches, invisible depuis la rue, et ne doit pas laisser entendre les chants religieux.
Une architecture néoclassique et discrète
Le temple est construit au fond d’une cour, dans la rue du Bouclier. De style néoclassique, il se fond dans l’urbanisme administratif de l’époque. Son architecte, nommé Faut, s’inspire des temples réformés français, traduisant ainsi une volonté d’harmoniser la tradition protestante avec les contraintes politiques du temps.