Histoire et architecture des temples protestants
Les protestants adoptent très vite le terme de temple, qui reste une spécificité du calvinisme français ; en revanche, les luthériens − à l’exception de ceux du Pays de Montbéliard −, anglicans, presbytériens et épiscopaliens gardent le terme d’église. Il y a en 2011 en France, 4 000 paroisses desservant la quinzaine d’églises issues du protestantisme.
Cette étude se limite pour l’essentiel au luthéro-calvinisme, le seul à remonter à la Réforme, qui regroupe environ 800 temples pour 750 000 protestants.
Dans le royaume de France, la plupart des temples sont démolis avant et juste après la révocation de l’édit de Nantes (1685). Ce n’est pas le cas en Alsace et dans le Pays de Montbéliard, lequel ne comporte que des temples luthériens.
Les différents types de temples subsistants reflètent donc l’histoire du protestantisme ; on peut distinguer deux périodes :
la première après le développement rapide de la nouvelle religion connaît un coup d’arrêt brutal avec la révocation de l’édit de Nantes, la seconde après le rétablissement de la liberté des cultes par la Révolution connaît plusieurs styles successifs.
Lorsqu’un village entier se convertit, le plus souvent la communauté s’installe dans l’église du village (Pontaix, Saint-Privat de Metz ou Saint-Sauveur d’Orléans). Mais, dans la majorité des cas, les protestants préfèrent construire selon des normes plus adaptées à leur nouvelle religion. D’une part les fidèles se rassemblent pour entendre la Parole et son commentaire, ce qui conduit à deux types de construction : soit un plan centré autour de la chaire, et donc une forme polygonale (Caen, Lyon-Paradis en 1564, Rouen, Bergerac, La Rochelle, Dieppe), soit une forme rectangulaire, inspirée du temple de Salomon (Charenton, construit par Jacques II Androuët du Cerceau en 1607, Montpellier, Nîmes, Anduze, Vezenobres, Puylaurens). On trouve souvent dans le Midi une variante avec un arc longitudinal (Collet-de-Dèze, 1646, Vialas). Dans tous les cas, la clarté est recherchée, avec de grandes baies. D’autre part, le refus de la sacralité catholique, le culte pouvant être célébré n’importe où, conduit à des monuments sans aucune décoration extérieure. Les édits royaux exigent, en outre, qu’ils soient sans élévation et sans tour ou grand clocher.
Cas des lieux de culte des Églises ethniques et des Églises évangéliques
Les membres des Églises ethniques sont issus de l’immigration de populations provenant essentiellement de Corée et de pays francophones africains. Beaucoup de ces immigrés sont établis en région parisienne. Leur appartenance aux Églises ethniques contribue à préserver leur langue et leur culture. Les cultes sont célébrés dans des temples luthériens et réformés ou dans des salles louées.
Les Églises évangéliques, en forte croissance numérique, s’implantent partout en France. Ce sont en général de petites communautés qui célèbrent leurs cultes dans des bâtiments qu’elles ont acquis ou qu’elles louent et qui n’ont aucune ressemblance architecturale avec des églises.
Il existe aussi en France des megachurches évangéliques (plus de 2 000 participants au culte), l’une à Mulhouse et trois en Région parisienne. Leurs lieux de culte n’ont également aucune ressemblance architecturale avec des églises. Par exemple, l’église MLK (Martin Luther King) loue tous les weekends l’Espace Grand Paris à Créteil.