Renaissance et Humanisme
en Europe (XVe, XVIe siècles)
A la fin de la Guerre de Cent ans (1453), l’Europe connaît un moment d’apaisement : il y a moins d’épidémies et moins de conflits ; la croissance démographique reprend ; les villes se développent ; les relations commerciales se multiplient. De grandes banques financent des initiatives remarquables, telles les expéditions maritimes qui accompagnent les Grandes découvertes. C’est dans ce temps favorable – désigné par la suite comme celui de la Renaissance – que se développe le mouvement humaniste.
Une approche ouverte, plurielle, du monde, de l'humanité, des beautés de la création
L’humanisme se caractérise par une grande créativité et effervescence dans le monde des arts et des lettres, par le développement de connaissances scientifiques, par une approche renouvelée des textes de l’antiquité gréco-latine, ainsi que par des réflexions approfondies sur l’art de gouverner ou sur ce qui permet une éducation moderne et ouverte.
Les humanistes sont peintres, architectes, philosophes, philologues, scientifiques, voyageurs ; les éditions savantes des écrits de l’antiquité (Pythagore, Euclide, Archimède, Platon, Aristote, les métamorphoses d’Ovide, Virgile, Tite Live, Tacite) et des livres de la Bible, sont autant de ressources qui élargissent leur horizon et leur inventivité.
Les humanistes ont engagés des démarches rationnelles qui permettent des initiatives savantes. Il s’agit par exemple du traitement de la perspective en peinture, lequel renouvelle l’approche des paysages, ou encore du développement de la géométrie et son usage dans l’architecture. Il s’agit aussi d’une réflexion exigeante sur l’exercice du pouvoir (quelles sont ses conditions ? comment définir une raison d’État ?).
La découverte de l’imprimerie (en 1450) a facilité le rayonnement des écrits humanistes.
Après avoir pris son essor en Italie, en particulier à Venise et à Florence, l'humanisme se développe dans toute l'Europe
C’est à Florence, au temps des Médicis, banquiers et mécènes des arts, de l’architecture et des sciences, que l’humanisme prend son essor :
- Cosme l’Ancien (1389-1464) a fondé l'Académie platonicienne ;
- Laurent le Magnifique (1449-1492), l’habile homme d’État qui a encouragé nombre de peintres.
Très vite le mouvement humaniste se répand en Europe :
- Aux Pays-Bas, dès la fin du XVe siècle, une effervescence intellectuelle est sensible. Érasme de Rotterdam (1450-1537) en est l’une des grandes figures.
- En France, François Ier (1494-1547) se montre particulièrement sensible à l’humanisme. Il est entouré de savants qui, tel Guillaume Budé (1467-1540), le pressent de créer un enseignement indépendant de la Sorbonne : ainsi ont été créées les six premières chaires du Collège de France, dont trois pour la langue hébraïque). L’Édit de Villers-Cotterêts (1539) précise que désormais, le français devient langue d’usage pour les ordonnances royales, pour les jugements et pour tous les actes d’état-civil. C’est un moment déterminant dans le développement de la langue française.
- En Angleterre, il faut citer entre autres, Thomas More (1478-1535), Tyndale (1494-1536), et un peu plus tard Shakespeare (1564-1616).
L'humanisme favorise le développement de la Réforme
L’audace de Luther et le rayonnement de la Réforme qu’il engage au sein de l’Église se conçoivent difficilement sans l’environnement humaniste et les horizons auxquels il rend sensible.
D’une manière générale, les traductions de la Bible en langues vernaculaires – allemand, français, anglais – d’après les textes originaux n’ont été possibles que grâce aux travaux humanistes déjà réalisés sur ces textes. Ces traductions ont, elles-mêmes, permis d’élargir l’accès direct aux textes bibliques. Cette ouverture a permis de mettre en débat certains aspects politiques du magistère de l’Église.
On peut rappeler aussi les débats importants avec Érasme sur le sens du Libre-arbitre.
Ce sont des humanistes, poètes, hommes de lettres, qui ont diffusé les idées de Luther en France introduites entre autres par des moines réfractaires venus d’Allemagne.
Calvin reçoit, quant à lui, au Collège de Montaigu, à Orléans et à Bourges, une formation juridique et littéraire imprégnée d’humanisme. Nombre d’humanistes ont été ses amis, parmi lesquels Guillaume Budé et surtout Théodore de Bèze.
La Bibliothèque humaniste de Sélestat comprend un grand nombre de volumes (y compris les manuscrits de Bucer et de Zwingli) se rapportant aux liens entre Humanisme et Réforme.
Avancement dans le parcours
Bibliographie
- Livres
- CHASTEL Laurent, Art et humanisme à Florence au temps de Laurent le Magnifique, PUF, Paris, 1982
- DELUMEAU Jean et WANEGFFELEN Thierry, Naissance et affirmation de la Réforme, PUF, Paris, 1997
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