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Paul Fagius

Né à Rheinzabern (près de Karlsruhe) en 1504
Études à Strasbourg de 1522 à 1527
Professeur d’Ancien Testament à la Haute École dans les années 1544-1548
Mort à Cambridge le 13 novembre 1549

C’est durant ses années de formation à Strasbourg que Paul Fagius (Büchlein) étudie l’hébreu auprès de Wolfgang Capiton. Comme son père, il devient maître d’école à Isny (au nord-est du Lac de Constance) à partir de 1527.

En 1538, Fagius fonde à Isny une imprimerie spécialisée dans les ouvrages en lien avec l’hébreu. Il embauche comme correcteur l’un des plus influents hébraïsants de son temps, Élie Lévita, un juif d’origine allemande qui vivait jusqu’alors en Italie et qui publiait de nombreux travaux sur la langue hébraïque destinés à la fois à un public juif et au nouveau public des hébraïsants chrétiens.

Alors qu’il travaille avec lui à Isny, Fagius publie deux des œuvres tardives de Lévita : deux dictionnaires, l’un de l’hébreu post-biblique (Séfer HaTishbi) et l’autre de l’araméen (HaMétourgéman).

Fagius publie notamment des ouvrages qu’il rédige lui-même, entre autres :

  • Une édition bilingue hébreu-latin de Pirqé Abot, le traité des Pères de la Mishna (1541).
  • Sepher Aemana – Liber Fidei (Le livre de la foi ; 1542) : un long traité apologétique écrit en hébreu et traduit en latin par Fagius, justifiant les principes de la foi chrétienne.
  • Precationes hebraicae (Prières hébraïques, 1542) : un recueil de prières juives en hébreu et en traduction latine, comprenant aussi de nouvelles prières rédigées en hébreu pour l’usage de chrétiens.
  • Compendiaria isagoge in linguam hebraeam Compendiaria isagoge in linguam hebraeam (1543) : une grammaire d’hébreu.
  • L’édition d’une traduction traditionnelle du Pentateuque en yiddish (1544).
  • Une traduction latine complète du Targum Onqelos, la traduction araméenne la plus répandue du Pentateuque (1546).

 

En 1544, Fagius est nommé professeur d’Ancien Testament à la Haute École et, parallèlement, pasteur de l’église Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg.

À la suite de l’Intérim d’Augsbourg qui réintroduit le catholicisme à Strasbourg, Fagius quitte la ville en compagnie de Martin Bucer : tous deux se rendent en Angleterre en 1549. Fagius est nommé professeur royal d’hébreu à l’Université de Cambridge, mais décède d’une maladie subite peu après son arrivée.

Commentateur de la Bible et grammairien juif ayant vécu de 1160 à 1235 à Narbonne, David Qimhi est l’un des auteurs préférés des hébraïsants chrétiens. Cela s’explique par la grande qualité de ses travaux sur la langue hébraïque (notamment son livre Mikhlol réunissant une grammaire et un dictionnaire de l’hébreu biblique), ainsi que par le caractère littéraliste et riche de son exégèse. Les hébraïsants chrétiens confirmés accédaient aux commentaires de David Qimhi dans leur édition hébraïque publiée par l’imprimeur chrétien Daniel Bomberg de Venise en 1517 et en 1524-1525.

Paul Fagius publie (et imprime lui-même) une édition bilingue du commentaire de Qimhi sur les dix premiers psaumes pour rendre ce texte accessible aux lectorat chrétien, mais aussi, comme il le précise dans le titre, pour faciliter l’apprentissage de l’hébreu employé dans les commentaires médiévaux, un langage assez différent de celui des textes bibliques.

Le commentaire de Qimhi sur le psaume 2 comporte un passage bien connu de polémique contre le christianisme : Qimhi cherche à prouver que Jésus ne peut être le fils de Dieu. Ce passage qui est absent dans certaines éditions censurées du commentaire, figure bel et bien dans cette édition de Fagius.

Cette lettre autographe de Paul Fagius est adressée à Conrad Hubert, pasteur à Strasbourg et ami et secrétaire de Martin Bucer. Le 18 avril 1549, Fagius informe Hubert qu’avec Bucer, ils viennent d’arriver à Calais, après avoir fui Strasbourg le 5 avril. Tous deux quittent la ville après le rétablissement du catholicisme par les autorités et sont sur la route de l’Angleterre.

Afin d’assurer la confidentialité de la lettre, Fagius la rédige en judéo-allemand (yiddish). Il s’agit donc d’un texte en allemand écrit avec des lettres hébraïques et comportant des mots et des expressions en hébreu. La lettre commence ainsi : « Shalom rav, lieber Herr Konrad » (Bien le bonjour, cher monsieur Conrad). Elle est signée : « Paulus Fagius ‘avdékha » (Paul Fagius, ton serviteur).

Avancement dans l'exposition