La maison natale du camisard Rolland, devenue musée au XXe siècle
Le musée du Désert est fondé en 1910 par Franck Puaux et Edmond Hugues, dans la maison natale du chef camisard Rolland, qui avait été acquise à la fin du XIXe siècle par la Société de l’histoire du protestantisme français (SHPF). Il est développé à partir de 1928 par Pierre-Edmond Hugues et connaît de nouvelles extensions en 1970 et 1984.
Le musée du Désert est un musée historique. Il cherche à faire revivre, par différentes techniques, une phase décisive du passé protestant : par des reconstitutions (ainsi, un intérieur cévenol, cuisine et chambre ou à l’instar du musée Grévin, un culte de famille au temps de la clandestinité) ; par la présentation d’objets ayant servi à des cultes du Désert (bibles et psautiers, coupes de communion, chaires escamotables) ; par la mise en perspective de l’appareil répressif (édits, règlements, arrêts, dont la masse même donne à présumer la profondeur de la résistance) ; enfin par une série de peintures des XIXe et XXe siècles, où des peintres, comme formant école (Karl Girardet, Pierre-Antoine Labouchère, Jeanne Lombard, Max Leenhardt) ont exprimé leur foi protestante à travers des scènes de l’histoire du protestantisme.
Une première partie du Musée, installée dans la maison de Rolland, invite à un parcours chronologique :
- les premières persécutions,
- la révolte des Cévennes,
- les assemblées clandestines,
- la restauration des Églises protestantes sous l’action d’Antoine Court,
- après la tragédie de l’affaire Calas, les progrès de la tolérance grâce à Paul Rabaut, aboutissant avec la Révolution à la liberté des cultes.
Une autre partie du musée, plus récente, le mémorial, a un caractère thématique. Elle évoque successivement :
- les prédicants et pasteurs du Désert, qui ont payé de leur vie, sur l’échafaud, la fidélité à leur ministère,
- l’exode des huguenots, des 250.000 français qui ont préféré l’exil à la « réunion »,
- les galériens pour la foi ;
- les prisonnières, en particulier celles de la Tour de Constance.
Quatre formes de persécutions, pourrait-on dire.
Ce serait un contresens que de visiter le mémorial comme un jardin des supplices, un recueil des méchancetés congénitales d’un pouvoir adverse. Les persécutions ne sont rappelées ici que parce qu’elles donnent, en même temps que le prix, le sens de la résistance qui s’en est suivie. Pourquoi résistaient-ils ? Pour être protestants.
Le musée du Désert : lieu de rassemblement des protestants
En cela apparaît la place originale du musée du Désert parmi les différents musées du protestantisme français. Autant qu’une vocation historique, il a une vocation religieuse : lieu de la mémoire protestante, il veut être aussi un lieu d’éveil, de réveil protestant. Ce qui explique qu’à son entrée même, il présente la Réforme de Luther et de Calvin et la signification de leur rupture. Ce qui explique encore qu’il interrompe un instant son parcours historique pour consacrer une salle entière à « la lecture de la Bible », comme pour souligner que dans cette lecture la liberté chrétienne trouve sa source. Ce qui explique surtout que, dès l’origine, il ait été le centre des « Assemblées du Désert ».
Chaque année, le premier dimanche de septembre, des milliers de protestants (15 à 20.000 selon les années), venus non seulement des Cévennes et du Languedoc, mais de toutes les régions de France et des pays du Refuge, se rassemblent sur le site du Mas Soubeyran. Le moment essentiel de la journée est le culte du matin ; l’après-midi se déroule une fête sur un sujet qui varie chaque année, commémoration tantôt d’un événement (par exemple, en 1986, le 450e anniversaire de l’introduction de la réforme à Genève), tantôt d’une figure de l’histoire du protestantisme (par exemple, en 1983, le 500e anniversaire de la naissance de Luther).
Musée du Désert
Mas Soubeyran, Mialet
F-30140 Anduze
Tél. +33 (0) 4 66 85 02 72
Fax. +33 (0)4 66 85 00 02
Contact : musee@museedudesert.com