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L’essor de l’Église vaudoise (XIXe-XXIe siècle)

Au milieu du XIXe siècle, les vaudois adaptent leur vocation première à des conditions plus sédentaires. Un certain nombre s’installent dans le Val Torrice. L’Italie toute entière devient leur point d’attache. Ils y déploient depuis des missions de réflexion, de service social, d’aide aux personnes en détresse, en particulier à l’endroit des immigrés

L’essor des implantations vaudoises en Italie

Église vaudoise dans les vallées du Piémont © © Wikimedia Commons/Domaine public
Pasteur vaudois dans sa chaire © © Wikimedia Commons/Domaine public

Grâce aux droits civiques que le Roi de Piémont-Sardaigne, Charles-Albert, reconnaît à ses ressortissants non catholiques (1848), les vaudois peuvent désormais s’établir dans cette région et restreindre leur ministère itinérant. Beaucoup choisissent de s’installer dans le Val Torrice (Turin et ses environs).

Un premier temple est construit à Turin en 1853. Partisans de l’Unité italienne, les vaudois en construisent assez vite d’autres, à Livourne (1861), à Rome (1884), puis à Florence et à Milan. Ils ouvrent même à Rome, en 1914, une faculté de théologie pour former leurs pasteurs.

Des maisons d’accueil, des centres de réflexion, des services sociaux se développent à leur initiative dans toute l’Italie.

Après la Seconde Guerre mondiale, des missions œcuméniques de réconciliation et de réflexion

Plaque commémorative Tullio Vinay, Florence © © Wikimedia Commons / CC-BY-SA-3.0

Pendant les années sombres, beaucoup de vaudois, à l’initiative en particulier du pasteur Tullio Vinay (1909-1996) alors pasteur à Florence, se sont engagés dans des réseaux de résistance. Ils ont permis le sauvetage d’un nombre important de juifs menacés. Tullio Vinay a été reconnu Juste parmi les Nations en 1970.

Après la guerre, Tullio Vinay crée à Prali (près de Turin) le « Centre Agape », un lieu très actif de rencontre et de réflexion éthique dont le rayonnement est international. S’adressant principalement à la jeunesse, étudiante ou non, des sessions y sont organisées tout au long de l’année. Elles portent sur des questions d’actualité et interrogent plus particulièrement celles qui défient l’espérance d’un amour fraternel. Le spectre déployé est large, y compris ce qui se rapporte aux questions de genre. La vigilance à l’autre est constamment sollicitée.

Au début des années cinquante, Tullio Vinay quitte les riches régions industrielles du nord de l’Italie et développe une mission importante à Riesi en Sicile. Dans ce petit village, les habitants usaient alors leurs vies dans des mines de soufre insalubres et étaient victimes des emprises la Mafia. Il y crée le Service chrétien de Riesi. Il s’agit d’un lieu de vie communautaire international, lequel comprend un Centre social, des unités de soins, des lieux d’éducation (école maternelle et école primaire, ainsi qu’un centre de formation agricole) et une petite usine de mécanique. Les conditions de la vie locale sont transformées en profondeur.

Dans le rayonnement qui en résulte, une attention forte est portée à l’accueil des immigrés.

Un engagement constant au sein du Conseil œcuménique des Églises

Paolo Ricca, théologien italien et pasteur vaudois en 2011 © © Wikimedia Commons / CC-BY-SA-3.0

Depuis 1948, les vaudois (qui sont membres de l’Alliance réformée mondiale), participent activement aux travaux du Conseil œcuménique des Églises (COE).

À la suite des problèmes posés par la dictature de Franco en Espagne, ils se sont engagés dans la Conférence des Pays latins d’Europe, laquelle a été créée en 1950 pour soutenir ceux qui doivent fuir le régime.

Le pasteur Paolo Ricca (1936-2024) a eu dans ces domaines un rôle important. Formé à la faculté de théologie vaudoise de Rome (ainsi qu’à Bâle), il en est devenu l’un des professeurs actifs. Journaliste accrédité au Concile Vatican II, il a par la suite participé à la rédaction de la Concorde de Leuenberg (1973), étape décisive dans le rapprochement des luthériens et des réformés. Il a développé dans plusieurs livres une réflexion sur l’œcuménisme qui reste d’une grande actualité.

Il a eu aussi des échanges avec la communauté catholique de Sant’Egidio, engagée dans la lutte contre la pauvreté et pour la paix.

Les vaudois et les autres communautés protestantes en Italie

Les vaudois constituent la principale communauté protestante italienne dans un contexte largement dominé par l’Église catholique.

Cependant d’autres églises de réveil, méthodistes, pentecôtistes se sont installées en Italie après 1945. Une Union d’Églises méthodiste et vaudoise, la Table vaudoise, voit le jour en 1961 et développe diverses collaborations. Elle favorise la création de petites communautés dans lesquelles les femmes ont pris dès le début d’importantes responsabilités. La Table vaudoise développe aussi des missions en Argentine et en Uruguay ;

À la fin des années 1990, la Table vaudoise ouvre un centre culturel à Torre Pellice.

En 2015, le Pape François s’est rendu au temple de Turin à l’invitation de la Table Vaudoise.

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