Les facultés de théologie protestantes aujourd’hui
À L’exception de celle de Strasbourg qui est encore placée sous régime concordataire, les facultés de théologie protestante sont, en France, des établissements d’enseignement supérieur libres, délivrant leurs propres diplômes. Leur activité principale est la formation aux différents ministères de l’Église, pastorat, diaconie, catéchèse, musicologie. La plupart d’entre elles développent d’importantes activités de recherche et de formation continue, ainsi qu’une réflexion liée aux grands débats contemporains.
Plusieurs lieux
On compte un certain nombre de facultés de théologie protestantes en France.
Certaines sont liées à l’Église protestante « historique » : ce sont les Facultés de Strasbourg, Paris, Montpellier, pour les Églises luthérienne et réformée.
D’autres sont liées à d’autres tendances du pluralisme protestant, la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence, la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine (baptiste) et l’Institut biblique de Nogent (évangélique), le Campus adventiste du Salève en Haute-Savoie. S’y ajoutent quelques lieux de formation, plus ou moins stables du fait des sources de financements dont ils sont tributaires. Ils forment aux divers ministères des Églises qui ne sont pas rattachées à la Fédération protestante de France.
L’ensemble accueille, en formation initiale et en formation continue, quelques centaines d’étudiants français et étrangers (près de 250 à Strasbourg ; entre 300 et 400 à Paris et Montpellier ; 70 à Aix-en-Provence, etc.).
Enfin, depuis le développement de l’Internet, quelques sites de formation continue nés dans le sillage de l’Église réformée de France, ont été créés. C’est le cas notamment de Theovie.
Un enseignement supérieur « libre »
Sauf la Faculté de Strasbourg qui, étant placée sous régime concordataire, fait partie de l’Université Marc Bloch/Strasbourg II et délivre des diplômes nationaux, les autres facultés de théologie sont des établissements d’enseignement supérieur libres. Cette particularité française est liée à la loi de 1877 sur l’enseignement supérieur (établissant la distinction entre diplômes propres et diplômes d’État) et à la séparation des Églises et de l’État en 1905.
De ce fait, si la longueur et la qualité des études est la même que dans les établissements publics, (en général de trois à cinq ans et plus répartis selon les normes européennes LMD, Licence, Mastère, Doctorat), les diplômes conférés (licence et doctorat en théologie) ne permettent pas de bénéficier, en France, des avantages liés aux diplômes d’État (en termes de carrière et de rémunération notamment).
En revanche, le recrutement du corps enseignant, les modalités d’admission des étudiants peuvent être plus souples que dans l’enseignement public. À qualités égales, sont nommés des professeurs qui peuvent être titulaires d’autres diplômes que ceux qui sont formellement exigés par le Ministère de l’Éducation nationale.
Et si l’obtention du baccalauréat est le plus souvent requise pour l’entrée dans ces établissements, certains d’entre eux peuvent accepter des étudiants qui n’ont pas ce diplôme, soit qu’ils aient un diplôme étranger jugé équivalent, soit qu’ils suivent une formation préalable de mise à niveau dans l’établissement.
Enfin, le coût de fonctionnement de ces établissements est à la charge des Églises complété par des droits d’inscription. Ils confèrent des diplômes propres. Malgré la longueur et la qualité des études, ces diplômes ne sont pas reconnus comme diplômes nationaux
Le tournant de 1968
Le statut des facultés de théologie libres n’a pas manqué de poser quelques problèmes après 1968. À l’époque en effet, un certain nombre d’étudiants n’ont plus souhaité exercer un ministère pastoral ; des pasteurs ont renoncé à leur ministère. Les uns et les autres ont eu quelques difficultés à valoriser leurs diplômes dans des professions séculières. De plus le recrutement des étudiants risquait de se tarir. Depuis ce moment, plusieurs aménagements sont intervenus, encourageant, par des associations avec telle ou telle université publique, les étudiants à ne pas négliger un double cursus (leur permettant de bénéficier des avantages de l’enseignement public). Cette ouverture n’a pas manqué en retour de diversifier le public des facultés de théologie protestantes et d’élargir leur champ de compétence académique, notamment en direction de la philosophie et des sciences sociales.
La plupart d’entre elles ont d’importants programmes de recherches et sont des lieux de formation continue, ce qui est aussi l’occasion de développer une réflexion nourrie sur les débats contemporains les plus importants. C’est en 1972 que les facultés de Paris et de Montpellier se fédèrent dans une structure nouvelle, l’Institut protestant de théologie. Depuis ce moment, les professeurs enseignent sur les deux sites et partagent leurs étudiants.
Toutefois l’ouverture vers l’extérieur des facultés de théologie a suscité des critiques. C’est ce qui a entre autres provoqué une « refondation » de la faculté d’Aix-en-Provence. Ce site, créé en 1938 par les Églises réformées évangéliques libres (les EREI n’avaient pas voulu rejoindre l’Église réformée de France qui venait de se constituer), n’était plus très actif. Il devint donc, en 1973, un lieu d’enseignement qui se voulait absolument respectueux de la tradition réformée, telle que définie par la Confession de Foi de la Rochelle (adoptée par les églises réformées en 1571).
Contenu des études, diplômes, perspectives professionnelles
Les facultés de théologie ont la charge de préparer aux divers ministères des églises. Toutes proposent donc les « fondamentaux » qui y préparent.
- L’étude de l’Ancien et du Nouveau Testament.
- L’apprentissage ou le perfectionnement de l’hébreu et du grec.
- L’histoire de l’Église : histoire ancienne, patristique, histoire de la réforme et histoire moderne.
- La théologie systématique : dogmatique, éthique, philosophie.
- La théologie pratique : homilétique, catéchèse, actes pastoraux et accompagnement pastoral.
Cependant, le contenu et les modalités de ces enseignements de base varient selon les établissements, le corps professoral qui y enseigne, les recherches qui y sont menées, et bien sûr les organismes de tutelle (ERF, EELF, Églises évangéliques diverses) dont ils dépendent. Les exigences diffèrent.
Souvent, et de plus en plus, d’autres enseignements généralistes (sciences sociales, esthétique, sciences de la communication, etc.) s’y ajoutent, selon les appréciations et les projets des conseils d’établissements.
Enfin, l’obtention des diplômes est distincte de l’accès au ministère pastoral, lequel est de la responsabilité des organisations d’Églises (commissions des ministères).
Ainsi la Commission des Ministères de l’ERF suit-elle les étudiants de Strasbourg, de Paris et de Montpellier qui souhaitent devenir pasteurs, depuis leur année de licence jusqu’à leur première année de doctorat, mais ne les admet pas tous au proposanat.
La même Commission des Ministères de l’ERF ne reconnaît pas le diplôme de la faculté d’Aix-en-Provence et demande aux étudiants qui y ont été formés une année complémentaire à Paris ou à Montpellier.
Une diversité riche
La diversité de l’enseignement de la théologie protestante en France est aussi sa richesse. Un certain nombre de revues universitaires, la Revue d’histoire et de philosophie religieuse (Strasbourg), Etudes théologiques et religieuses (Montpellier), la Revue réformée (Aix-en-Provence) sont à cet égard d’importants vecteurs de débats.
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