Le propos de Calvin :
qu’est-ce qu’une vraie parole prophétique ?
Il existe une vraie parole prophétique, celle qui s’ancre dans la foi et ne sous-estime, ni le péché, ni la grâce.
Ainsi je prends cet article pour tout conclu, que le mépris de Dieu et les dissolutions qui se font en quelque pays que ce soit, n’ont nul regard aux étoiles. Puisqu’ainsi est, il ne faut point attribuer aux étoiles les vengeances de Dieu qui surviendraient pour de telles causes (p 119)
Au reste, quand Joseph prédit la famine d’Egypte, en trouve-t-il la conjecture aux astres ? Tout au contraire, il le tient de révélation miraculeuse. Voilà les Egyptiens qui ont sondé jusqu’au plus profond du ciel pour savoir deviner tout ce qui est signifié par les astres. Néanmoins, il ne connoissent rien de cette famine, et en eussent été surpris devant que d’y avoir pensé. Dieu en avertit Pharaon par un songe, Joseph lui déclare ce qui lui est révélé de Dieu » (p 125).
Ecoutons ce que Dieu nous dit en son prophète Jérémie que nous ne soyons pas semblables aux païens, craignant les signes du ciel. Je sais bien le subterfuge qu’amènent aucuns, qu’il ne faut pas craindre les astres comme s’ils avoient domination sur nous, et toutefois qu’ils ne laissent point d’y avoir quelque supériorité subalterne, sous la main et la conduite de Dieu. Mais il n’y a nul doute que le prophète ne nous veuille ramener à la providence de Dieu, et, pour ce faire, nous détourner de la vaine sollicitude en laquelle se tourmentent les païens, attendu qu’il parloit au peuple d’Israël, lequel était tenté de s’adonner à telles folies, à l’exemple des Chaldéens et Egyptiens (p 121).
Que soulignent les prophètes ?
Il y a puis après que les hommes vagant entre les étoiles, n’entrent plus en leur conscience pour examiner leur vie, connoissant qu’ils portent en eux la matière de tous maux, et que leur péchés sont le bois pour allumer l’ire de Dieu dont proviennent les guerres, les famines, les mortalités, les grêles, les gelées et toutes choses semblables. Pareillement, ceux qui attendent bonheur par la prédiction des astres, se reposant la-dessus, retirent leur confiance de Dieu, et deviennent nonchalants à la requérir, comme s’ils avaient déjà gagné ce qu’il prétendent…
Mais quand tout est dit, ce n’est qu’une échappatoire ; car puisque tous les maux dont les étoiles nous menacent procèdent du cours de nature, il ne peut se faire que nous ne concevions une fantaisie que nos péchés n’en sont point cause. Je laisse à part l’absurdité et la contradiction qui est en leur dire, à savoir que l’ordre que Dieu aura mis pour être perpétuel sera changé par cause survenante, comme si Dieu se contredisoit à soi-même. Il me suffit que nous ayons l’intention du prophète, qui est d’opposer, ainsi que choses contraires, le regard qu’ont les païens aux astres, pour imaginer que leur condition et tout l’état de leur vie dépend de là, et la connoissance en laquelle se doivent reposer les fidèles, qu’ils sont en la main de Dieu, et qu’ils seront bénis de lui, le servant en bonne conscience, et que tous les maux qu’ils endurent sont autant de châtiments pour leurs péchés (p 122).
Se mettre à l'exemple des Ephésiens
C’est pourquoi, à l’exemple des Éphésiens, ceux qui veulent suivre l’Évangile doivent brûler leurs livres magiques, même s’ils ont apparemment une grande valeur (Actes des Apôtres, 19.18-20). Et c’est alors leur responsabilité, leur fidélité à Dieu, que de faire à la science la place qui lui revient.
De fait quand on aura bien regardé qui sont ceux qui nous amènent cette astrologie erratique, sinon gens outrecuidés, ou des esprits extravagants, ou gens oisifs, qui ne savent pas à quoi prendre leur ébat, ou de quoi deviser ? comme sont protonotaires damereaux, ou d’autres muguets et mignons de cour. Non pas qu’ils y soient savants, mais cela leur est assez de voltiger ou fleureter par dessus ; et (…) ils y enveloppent beaucoup de pauvres gens en leurs tromperies (p 133-134).
C'est l'un des aspects importants d'une nécessaire réforme de l'Église
Que chacun advise bien de garder ce trésor inestimable de l’Évangile en bonne conscience ; car il est certain que la crainte de Dieu sera un bon rempart pour nous munir contre tous erreurs. Ainsi, que nous ayons tous cette règle générale de sanctifier nos corps et nos âmes à Dieu, et le servir sans feintise. Après, que chacun regarde à quoi il est appelé, pour s’appliquer à ce qui sera son office. Que gens de lettres s’adonnent à études bonnes et utiles, et non point à curiosités frivoles, qui ne servent que d’amuse-fous. Que grands et petits, savants et idiots, pensent que nous ne sommes point nés pour nous occuper à choses inutiles, mais que la fin de nos exercices doit être d’édifier et nous et les autres en la crainte de Dieu (p 133).
Avancement dans l'exposition
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Jean Calvin (1509-1564)
Une génération après Luther, le Français Jean Calvin est l’organisateur de la Réforme : organisateur de l’Église, de la doctrine et du rôle de l’Église dans l’État.