Le piétisme
Le piétisme s’est développé dans l’Allemagne ravagée par la guerre de Trente Ans (1618-1648). Ses fondateurs trouvaient que les deux orthodoxies, luthérienne et calviniste, restaient figées sur des débats très stériles, éloignées des aspirations religieuses des fidèles. L’origine du piétisme est multiple : puritanisme anglais, courants actifs dans les Provinces Unies.
XVIIe siècle : fondation et essor du piétisme
Le fondateur du piétisme est le pasteur luthérien Philip Jacob Spener (1635-1705), né en Alsace. Pasteur à Francfort-sur-le-Main, il rassembla ses paroissiens dans des collegia pietatis, pour lire la Bible, prier et discuter le sermon dominical. Leurs participants sont de plus en plus nombreux, et de telles réunions, sans autorisation officielle, inquiètent les autorités. Ces « conventicules » sont à la base du programme du piétisme, où se développe une vie spirituelle par la lecture de la Bible, la pratique du sacerdoce universel, l’admonestation fraternelle. Spener affirme que l’expérience religieuse personnelle est plus importante que l’adhésion à un credo. Il insiste sur la nécessité d’une « conversion » acquise à travers une crise allant d’une phase de désespoir à une soudaine effusion de la grâce, dont on rend compte publiquement : la piété est affective.
Les Piétistes furent rapidement critiqués par le luthéranisme orthodoxe, et furent parfois persécutés. Après s’être brouillé avec l’Électeur de Saxe, la famille des Hohenzollern se montrant plus tolérante, Spener accepte en 1691 un poste de pasteur à Berlin. August-Hermann Francke (1663-1727), professeur à l’Université de Halle, va structurer le mouvement, fonde de nombreuses œuvres sociales (écoles, orphelinats, séminaires pour étudiants pauvres, éditions populaires de la Bible), et assure ainsi le rayonnement du piétisme, avec la création des premières missions en Asie.
XVIIIe siècle : une nouvelle impulsion
Une nouvelle impulsion est donnée par un seigneur saxon, le comte Nicolas de Zinzendorf (1700-1760). Il donne asile à un groupe de Frères de l’Unité, descendants des disciples de Jan Hus, chassés de leurs foyers par la persécution des Habsbourg. Zinzendorf les installa sur ses terres et donna le nom de Herrnhut (« la garde du Seigneur ») à la nouvelle communauté, connue dans toute l’Europe sous le nom de « Frères moraves ». Ils sont divisés en « bandes », accomplissent des exercices de piété différents selon leur avancement spirituel. La piété morave a un caractère joyeux, romantique et sentimental, la « religion du cœur » étant centrée sur le sacrifice expiatoire du Christ, avec un culte pour son sang et ses blessures, que certains jugeaient morbide. Après quelques années hasardeuses, les Moraves établiront leur théologie, qui sera acceptable par toutes les confessions protestantes. De nouvelles communautés essaiment en Europe et en Amérique, et l’activité missionnaire fut importante.
À la fin du XVIIIe siècle, le piétisme germanique met l’accent sur la conscience des devoirs sociaux, en particulier sur l’aspect éducatif, l’amenant ainsi à être un facteur de novation économique. La diaspora des Frères moraves joua un rôle important, même en France comme en témoigne J.-F. Oberlin.
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