L’expulsion de 1686
Les persécutions qui se sont poursuivies au XVIe siècle ont peu à peu réduit la présence des vaudois : seules les hautes vallées des Alpes méridionales leur offrent un refuge précaire.
Mais en janvier 1686, le duc de Savoie, Victor-Amédée II, qui règne sur cette région, décide d’imiter la politique du roi de France Louis XIV qui vient d’interdire le protestantisme dans son royaume en révoquant l’édit de Nantes (1685).
Le duc de Savoie envoie ses armées contre les vaudois pour les obliger à abandonner leur foi ou à s’exiler. Après une vaine tentative de résistance qui fait 2000 morts et 8500 prisonniers, les vaudois sont vaincus.
Les cantons suisses protestants proposent d’accueillir les vaudois : le duc de Savoie accorde un droit de fuite en janvier 1687, et plusieurs centaines de vaudois sont expulsés et trouvent refuge à Genève et dans le canton de Vaud. Parallèlement, des paysans catholiques sont envoyés pour coloniser les villages abandonnés.
L’expédition de l’été 1689 : une traversée des Alpes hors du commun
Mais les vaudois n’entendent pas en rester là : ils préparent une contre-offensive militaire pour regagner leurs terres.
Une première tentative a lieu en juin 1687, mais avorte faute de préparation sérieuse. Une deuxième expédition échoue l’année suivante. La troisième tentative sera la bonne, grâce à un retournement de la conjoncture géopolitique européenne.
Les vaudois bénéficient en effet du soutien de l’Angleterre, où la « glorieuse révolution » a porté au pouvoir Marie II et son époux Guillaume III, prince d’Orange. De plus, le duc de Savoie entre en guerre contre la France et retire les troupes qu’il avait massées dans les Alpes à la suite de la deuxième tentative des vaudois.
Sous la conduite du pasteur Henri Arnaud, un millier de vaudois traversent le lac Léman et se lancent à travers les Alpes au cours du mois d’août 1689. Parcourant 350 kilomètres en quinze jours, dont plusieurs cols d’altitude enneigés, les vaudois accomplissent un périple hors du commun qui les ramène dans leurs vallées : c’est la « Glorieuse Rentrée ».
L’expédition devient immédiatement célèbre dans toute l’Europe, et Napoléon Bonaparte dira à son propos : « C’est là l’une des plus belles épopées du XVIIe siècle ».
En 1694, le duc de Savoie garantit par un édit les droits des vaudois sur leurs terres en accordant une tolérance limitée : les vallées vaudoises deviennent une enclave protestante dans les Alpes catholiques.