Méreaux

Marques de reconnaissance des Églises réformées

Le méreau est une sorte de « bon-pour », un signe de reconnaissance ou encore un laissez-passer.

L'origine des méreaux au Moyen-Âge

Méreau (Mazamet-Tarn)

Les méreaux – sans doute du latin merere : être digne de, mériter – sont désignés depuis le Moyen Âge sous les formes de mérel, merelles, marelles et mereaulx.

C’est au XIIIe siècle que la destination ecclésiastique prédomine pour l’emploi de ces petits flans, d’abord en plomb puis en étain. Par la suite, on les rencontrera en parchemin, en cuir et même en argent. Ces méreaux, qui donnaient droit à une portion de pain et de vin, étaient distribués dans les abbayes et dans les chapitres aux chanoines, à leur entrée ponctuelle dans le chœur lors de la célébration des offices. Les chanoines pouvaient en faire profiter les pauvres, ou les accumuler au profit de l’abbaye. Au XVe siècle. on créa même des méreaux qui valaient 45, 30, et 5 deniers que l’on pouvait échanger contre du numéraire.

Les méreaux chez les protestants

In Nîmes im 17. Jahrhundert benutzter « Méreau »

Dans une lettre du 30 janvier 1560 (Calvini Opera XVII, 711) Jean Calvin et Pierre Viret préconisent l’usage des méreaux comme marques de reconnaissance pour la nouvelle religion. Il ne s’agit évidemment pas de monnaies calvinistes mais de flans métalliques fabriqués dans un but politique ou religieux.

Ces petits flans de métal étaient remis aux religionnaires qui étaient admis à la Cène ; à leur tour ils les déposaient sur la sainte table au moment où ils recevaient le pain et le vin.

Ils furent employés dès 1584 lors de l’assemblée générale des députés de l’Église de la réforme à Montauban (Tarn et Garonne). Au cours de l’année 1633, la commune d’Aujargues nomma un pasteur pour distribuer les « marreaux ». Aucun exemplaire aussi ancien ne nous est parvenu.

C’est en effet sous le coup de la persécution que l’usage des méreaux fut maintenu plus rigoureusement que jamais dans les congrégations calvinistes ; ils sont alors plutôt appelés, médailles des églises du Désert.

Dans les communautés du Midi

Im Agenais im 16. Jahrhundert benutzter « Méreau »
Méreau de communion, "Christ soleil de justice" © Collection D. Slovik

Dans les communautés du midi, on retrouve souvent le même type de méreau, en particulier celui de Sainte-Foy, sans pouvoir localiser cette ville de façon précise. Il existe en effet onze localités de ce nom situées en Gironde (1), dans les Landes (1), en Ariège (1), dans le Tarn-et-Garonne (5), en Dordogne (3) et dans le Tarn (1).

Voici la description du méreau qu’on leur attribue :

  • Droit : la Bible ouverte placée sous les rayons du soleil. NE – CRAINS – POINT – PETIT – TROUP [EAU] est inscrit sur la page de gauche ; et sur la page de droite on lit St LVC c.12 V.32 ;
  • Revers : un jeune berger avec ses moutons et appuyé sur sa houlette, souffle dans son cor la nouvelle de l’Évangile.

Les méreaux des églises du Poitou

In Deux-Sèvres und Vienne im 18. Jahrhundert benutzte Marken

Les méreaux des églises du Poitou sont plus simples et sans doute plus conformes au type primitif. Les églises qui en possèdent se trouvent dans les Deux-Sèvres à Avon, à la Mothe, à Chenay, à Leuzay, à Melle ; dans la Vienne, à Celle l’Evicault. Voici la description :

  • Droit : le nom ou les initiales du nom de l’église ;
  • Revers : un calice accosté de deux billettes.

L’usage des méreaux existait dans les églises du Nord et de l’Est : dans le Nord à Walincourt, dans la Moselle, à Courcelles-Chaussy, dans le Bas-Rhin, à Altweiler.

Fin des méreaux

L’état de guerre et de persécution ayant introduit cette coutume, elle cessa avec les causes qui l’avaient fait naître. L’usage en fut toutefois maintenu à Saverdun jusqu’en 1825, date à laquelle il fut supprimé par une décision consistoriale.

Bibliographie

  • Bücher
    • Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis, 1883
    • Mémoires de la Société de statistique, sciences, lettres et arts des Deux-Sèvres, 1891
    • BLANCHET A. et DIEUDONNÉ A., Manuel de numismatique française, Paris, 1930, Tome 3

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