Politique royale
et Églises réformées en France (1555-1562)
Calvin a présenté, par l’intermédiaire de représentants de l’Église à Paris, une confession de foi au roi Henri II.
Exposé de la foi des Église réformées soumis au Roi
Afin de dissiper des malentendus, Calvin souhaite faire entendre auprès du Souverain la position de l’Église réformée. Dans ce but, il fait présenter par l’Église de Paris une confession de foi au roi Henri II (cette confession de foi aurait été rédigée par Antoine de Chandieu en 1557. Des éléments de cette confession sont repris dans celle de 1559, puis dans la Confession de La Rochelle).
L’Église de Paris entend affirmer au souverain que dans son principe religieux et politique, la Réforme n’a rien qui s’oppose à l’autorité royale. Elle ne se situe pas dans une position hostile par rapport au pouvoir.
Elle s’adresse au roi comme à un arbitre, souhaitant que le roi trouve cette confession « accordante avec l’Église catholique ». Cette confession n’est pas l’émanation d’une secte comme d’aucuns se plaisent à le faire croire au souverain par toutes sortes de calomnies :
Sire, puisque nous sommes chargez, et intitulez vers voire majesté de tenir quelque secte a part, nous ne désirons pas mieux que de vous rendre compte de notre foi… afin que vous puissiez mieux juger si c’est à tort ou à droit que nous sommes blasmez. (II, p. 151)
Il s’agit de convaincre le roi qu’aucune rébellion n’est attachée à cette croyance qui ne s’oppose en rien à l’autorité royale. Elle est le fait de sujets fidèles à leur roi, Ainsi se termine cette lettre :
Voilà, Sire, la somme de notre foy sans aucun fard ne desguisement. Si nous n’avons desduict par le menu tous les poincîs ei articles sur lesquels on nous taxe, si est-ce qu’on ne nous peult reprocher qui ne dépende de ce qui est ici contenu, et vous le trouverez ainsy quant il vous plaira examiner le tout. Si nous n’adhérons à beaucoup de superstitions lesquelles sont du tout contraires à ce que nous avons cy-dessus décléré, nous espérons que notre excuse sera receue de vous comme raisonnable, vous suppliant de rechef très humblement, Sire, comme bon père et humain protecteur de vos obéissant subjecîs, d’avoir pitié de ceuîx qui ne cherchent que de servir simplement à Dieu en s’acquictant loyalement de leur debvoir envers vous. (II, p. 158)
Calvin souhaiterait une « réformation » de l'Église
Il en appelle au roi dans sa lettre à l’Église de Paris de juin 1559. Henri II est « celuy qu’on suppliait » (II, p. 282) dont on espérait une action significative pour apaiser la situation, travailler à « l’union ». Calvin envisage une « réformation » de l’Église selon des lignes exclusivement bibliques.
Dans la confession de foi adressée au roi Henri II, il est dit : « nous croyons qu’il faut garder et entretenir l’unité de l’Église », il faut favoriser la « vraie Église », mais, il faut « prudemment discerner quelle est la vraie église… nous disons doncques que c’est la compagnie des fidèles qui s’accordent à suivre la parole de Dieu ».
L’idéal serait donc de ne pas sortir de l’Église. Mais, il est indéniable que la restructuration de l’Église selon des lignes exclusivement bibliques, la notion de « vraie église » qui est « union des fidèles » autour de l’Évangile ne peut être « accordante » avec l’Église exclusivement « romaine », Et pour Calvin, unité de l’Église ne veut pas dire ralliement à la Papauté. Le Concile de Trente a déçu les espoirs mis en lui par ceux qui espéraient cette « réformation » de l’Église.
Calvin, s’adressant à l’Église de Paris, le 26 février 1561 a, sur le Concile de Trente, des paroles sévères. Pour lui,
Le concile n’est ne catholique ne légitime, veu que ce n’est qu’une continuation de ce qui a esté faicî par cy-devant pour ratifier les résolutions pleines d’erreurs et de blasphème, et toutes contraires à la parole de Dieu (II, p. 380).
Calvin, tout à la fois conscient et lucide, rejette toute notion de compromis
Il sait que « la rage et cruauté est grande contre toute la pauvre Église, les menaces sont terribles, les appareils sont tels qu’il semble bien que tout doive estre perdu ». (II, p. 276)
Néanmoins, il faut continuer à combattre pour « la vraie église ». Il ne faut pas lâcher prise, il faut résister.
À l’Église de Paris, (1559), il écrit :« croyez que nous avons essayé tous moyens humains qu’il nous a été possible, pour veoir si nous pourrions apaiser la rage des ennemis, ou du tout ou en partie, et encores n’y espargnerions-nous rien aujourd’huy s’il y avait espoir de profiter ». ( II,p. . 282)
Calvin encourage les Églises à tenir bon, à ne pas céder
Aux fidèles du Poitou, il dit : Je sçay bien que vous ne pouvez parfaire auicune assemblée qu’en crainte et double. Je sçay aussi que vous estes guettez, des ennemis. Mais si ne fault-il point que la crainte des persécutions nous empesche de chercher la pasture de vie, et de nous tenir soubs la conduitte de notre Pasteur. Ainsy vous recommandant à luy, que vous preniez courage, car il montrera qu’il a soing de garder ses pauvres brebis, et que c’est de son vray office de les sauvez, comme en la gueule des loups (I, p 433).
Mais pour Calvin, combattre pour la réformation de l’Église ne signifie pas faire usage de la violence. Il le dit et le redit aux Églises auxquelles il s’adresse en France.
Avancement dans l'exposition
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