Redécouverte d’une figure oubliée
Albert de Lange revient sur la conception d’une exposition consacrée à Philippe Melanchthon, un réformateur allemand encore méconnu en France. L’exposition, conçue à l’origine pour une rencontre œcuménique européenne à Sibiu en 2007, vise à présenter Melanchthon comme un homme de dialogue, profondément européen et humaniste. Né à Bretten en 1497, Melanchthon est reconnu comme un acteur central de la Réforme, proche de Luther mais avec une sensibilité plus conciliante.
Le message d’unité et d’éducation
L’exposition s’ancre dans un contexte marqué par les divisions confessionnelles et ethniques de l’Europe. Melanchthon, témoin et victime de ces divisions, prônait déjà au XVIe siècle le dialogue interconfessionnel comme méthode de résolution des conflits. Ce message résonne avec la Charte œcuménique signée en 2001 par les Églises européennes. Pour Albert de Lange, cette vocation au dialogue s’incarne aussi dans la pluralité linguistique de l’exposition, traduite en allemand, roumain, hongrois et français.
Un humanisme moderne et pédagogique
Melanchthon croyait fermement en l’éducation comme remède à la violence humaine. Selon lui, l’homme naît égoïste et brutal, mais peut être transformé par l’apprentissage, notamment linguistique. Il considérait que l’être humain est fait pour communiquer. Ce postulat, que De Lange juge très actuel, renforce l’idée d’un Melanchthon plus proche des sensibilités modernes que Luther ou Calvin.
Un bâtisseur de ponts au sein de la Réforme
Contrairement à Luther, souvent intransigeant, Melanchthon a toujours cherché à apaiser les conflits entre luthériens et réformés, notamment autour de la Sainte Cène ou de la prédestination. Son rôle de médiateur fait de lui un père spirituel à la fois du luthéranisme et du protestantisme réformé.