Les combats de la tolérance, contre le scandale
de la violence religieuse
L'affaire Servet
Michel Servet, médecin espagnol, publie en 1531, à Haguenau, un livre intitulé De Trinitas erroribus qui attaque violemment la doctrine trinitaire.
Deux ans plus tard, l’Inquisition l’arrête. Servet arrive à s’échapper ; il se retrouve à Genève où il est arrêté, emprisonné, jugé et condamné. Ce n’est pas Calvin, mais le Conseil de Genève, qui prononce la sentence, mais le Réformateur aurait été probablement suivi s’il s’était opposé et avait conseillé un bannissement.
Le 27 octobre 1553, sur le plateau de Champel, aux portes de Genève, Servet est brûlé vif.
Calvin publie en février 1554 un livre terrible : Déclaration pour maintenir la vraie foi, qui légitime la mise à mort des hérétiques.
C’est presque seul que Castellion, sans jamais adhérer aux thèses de Servet, s’élèvera contre cette exécution, suscitant la haine de Calvin et de Théodore de Bèze.
Il écrira : « Tuer un homme ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme. Quand les Genevois ont fait périr Servet, ils ne défendaient pas une doctrine, ils tuaient un être humain ; on ne prouve pas sa foi en brûlant un homme, mais en se faisant brûler pour elle ».
Un mois après le traité de Calvin, Castellion publie sous un pseudonyme qui ne trompe personne Le Traité des hérétiques, véritable anthologie des textes des pères de l’Église et d’auteurs du XVIe siècle réprouvant les exécutions pour cause d’hérésie ; Castellion cite, ironiquement, Calvin lui-même : « …Après avoir souvent cherché ce qu’est un hérétique, je n’en trouve autre chose, sinon que nous estimons hérétiques, tous ceux qui ne s’accordent avec nous en notre opinion. »
Castellion écrira encore Contre le libelle de Calvin qui avait écrit une Réfutation des erreurs de Michel Servet où il affirmait le droit du gouvernement dans la punition des hérétiques, qu’il faut punir avec l’épée.
Conseil à la France désolée (1562)
Au lendemain du massacre de Wassy, Castellion traçait la voie de la solution libérale de l’Édit de Nantes (quinze ans plus tard) : « Le conseil t’es donné, ô France : c’est que tu cesses de forcer les consciences, de tuer ni persécuter, mais permettre qu’en ton pays il soit loisible à ceux qui croient en Christ et reçoivent le vieux et le nouveau Testament, de servir Dieu selon la foi, non d’autrui, mais la leur. »
S’adressant tour à tour aux catholiques et aux protestants, il dénonce leur intolérance réciproque et l’engrenage de la violence, prônant la liberté de conscience.
Ce livre sera condamné par le synode des églises protestantes de 1563 !
Progress in the exhibition
Associated notes
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Sébastien Castellion (1515-1563)
Sébastien Castellion is looked upon today as an apostle of tolerance and freedom of thought. He maintained that the Bible could have several different interpretations, and that this implied a...