Valentin Conrart (1603-1675)

Homme de lettres, Valentin Conrart a été le premier secrétaire perpétuel de l’Académie française.

Conrart professionnel des lettres

  • Valentin Conrart, fondateur de l'Académie française
    Valentin Conrart, fondateur de l’Académie française © SHPF

Valentin Conrart est né à Paris, d’une famille de religion réformée originaire de Valenciennes, ville qui faisait alors partie des Pays-Bas espagnols. Sa famille s’est réfugiée en France pour échapper aux fureurs du duc d’Albe.

En 1627, il est nommé officier et secrétaire du roi, spécialisé dans les affaires de librairie. Les secrétaires du roi étaient chargés de dresser les lettres de privilèges de librairie, c’est-à-dire d’autoriser la parution d’un livre et de conférer un monopole à l’éditeur.

Personnage central du monde des auteurs, Conrart joue un rôle de médiateur entre le pouvoir royal et les auteurs, et également entre les auteurs et le public grâce à son activité de publication.

Dès 1629, il réunit régulièrement chez lui, une fois par semaine, des hommes de lettres : c’est ce que l’on a appelé le « cercle Conrart ».

Premier secrétaire de l'Académie française de 1635 à 1675

Richelieu offre de transformer ces réunions informelles en une compagnie littéraire sous l’autorité royale : elles sont donc à l’origine de l’Académie française.

Conrart est nommé en 1635 secrétaire perpétuel de cette Compagnie dont il dresse les statuts qui sont approuvés par Richelieu. Puis, le roi Louis XIII ratifie la fondation de l’Académie française, qui adopte les formes d’une société savante.

Un protestant « honnête homme »

Valentin Conrart est lié avec le monde protestant de Paris, notamment avec les pasteurs du temple de Charenton dont il publie les écrits.

Homme de foi et pratiquant, il est toutefois modéré dans son attitude et sert même parfois d’intermédiaire entre catholiques et protestants. Il favorise un dialogue profitable aux deux parties.

Il a aussi encouragé l’édition en Hollande de certains livres qui n’avaient pas l’agrément du roi en France, notamment celle des Mémoires de Philippe Duplessis-Momay. En dépit de nombreuses pressions, il n’a jamais voulu abjurer.

Il contribue à la révision et à la modernisation du psautier huguenot. Les Psaumes retouchés sur l’ancienne version de Clément Marot et Théodore de Bèze, ont été publiés par ses héritiers (Charenton, 1677).

Un professionnel des lettres, mais non un auteur publié de son vivant

Les oeuvres de Conrart publiées de son vivant sont quasi-inexistantes. (Il n’a publié sous son nom que trois poèmes, en 1647). Il semble que ce soit de propos délibéré, dans la mesure où il considérait que son nom ne pouvait figurer dans la liste des auteurs qu’il publiait. D’ailleurs, sa réputation ne repose pas sur un modèle de notoriété fondée sur une publication imprimée.

Dans un couplet satirique, le poète Linière s’étonne :

« Conrart, comment as-tu pu faire
Pour acquérir tant de renom ?
Toi qui n’as, pauvre secrétaire,
Jamais imprimé que ton nom ».

Conrart a laissé un nombre considérable de textes manuscrits, conservés à la bibliothèque de l’Arsenal, parmi lesquels un récit sur la Fronde qui a été édité au XIXe siècle, sous le titre de Mémoires de Valentin Conrart, publié pour la première fois à Paris en 1826.

Bibliographie

  • Livres
    • SCHAPIRA Nicolas, Un professionnel des lettres au XVIIe siècle. Valentin Conrart : une histoire sociale, Seyssel, Champ Vallon, 2003

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